Michel Onfray :
« La Contre-histoire propose de lire des philosophes oubliés parce qu’ils étaient des penseurs de la sagesse pratique concrète insoucieuse des dieux, ou de Dieu et de la pensée dominante du moment. Il existe une histoire officielle écrite par les vainqueurs qui, en Europe, et ce depuis l’empereur Constantin, sont les chrétiens. Dès lors, il existe des vaincus. Les vainqueurs mettent en avant toutes les philosophies qui, soit semblent préparer le christianisme, soit sont compatibles avec lui : le platonisme, le stoïcisme, l’aristotélisme font bon ménage avec les vainqueurs, ainsi que les spiritualistes, les déistes, les théistes, les dualistes, les croyants divers et multiples. En revanche, les matérialistes, les atomistes, les athées, les sensualistes, les empiriques, les anarchistes font mauvais ménage avec les officiels.
La Contre-histoire est l’histoire des marges, des philosophies évincées, des penseurs vaincus – Démocrite, Gassendi, Helvétius, etc. Ce sont les atomistes de l’Antiquité, l’épicurisme grec et sa formule campanienne, les gnostiques licencieux, les frères et sœurs du Libre Esprit, les libertins baroques, les ultras des Lumières, les socialistes utopiques détruits par le triomphe du marxisme (qui est une philosophie idéaliste emblématique), et tant d’autres philosophes dont je m’occupe pour le XXe siècle – Otto Gross, Erich Fromm, Wilhelm Reich, Paul Nizan, Georges Politzer, Camus, etc. Je propose qu’on redécouvre vingt-cinq siècles de sagesse pratique alternative. Je m’y consacre depuis dix ans cette année et pour trois ou quatre ans encore. »
Le Magazine littéraire :
« Votre Université populaire célèbre ses dix ans depuis sa création à Caen en 2002. Quel regard rétrospectif portez-vous sur le formidable succès de votre projet ? »
« Dix années avec un succès populaire et un silence quasi-total de la presse : il doit exister cinq ou six papiers consacrés à cette aventure dans la presse nationale depuis dix ans… L’an dernier, mon cours diffusé sur France Culture, comme c’est le cas depuis 2003, pendant les mois d’été, a été podcasté 450 000 fois : vingt-six séances retransmises avec un réel succès. Et les éditions Frémeaux ont édité 17 coffrets de 13 CD. Un succès public, populaire, en province, une aventure d’amis bénévoles qui travaillent gratuitement et exposent le résultat de leurs recherches dans une grande diversité de domaines, voilà qui montre que la province existe, qu’on peut y proposer des alternatives culturelles concrètes non subventionnées, que la culture populaire n’est pas une culture spécifique au peuple, mais une présentation spécifique de la culture au peuple. Normal qu’à Paris tout ça compte pour zéro, non ? Dans les provinces françaises, le principe de l’université populaire a déjà essaimé dans une vingtaine d’endroits. C’est ce qui importe. Loin du bruit… »
Le Magazine littéraire
« La Contre-histoire propose de lire des philosophes oubliés parce qu’ils étaient des penseurs de la sagesse pratique concrète insoucieuse des dieux, ou de Dieu et de la pensée dominante du moment. Il existe une histoire officielle écrite par les vainqueurs qui, en Europe, et ce depuis l’empereur Constantin, sont les chrétiens. Dès lors, il existe des vaincus. Les vainqueurs mettent en avant toutes les philosophies qui, soit semblent préparer le christianisme, soit sont compatibles avec lui : le platonisme, le stoïcisme, l’aristotélisme font bon ménage avec les vainqueurs, ainsi que les spiritualistes, les déistes, les théistes, les dualistes, les croyants divers et multiples. En revanche, les matérialistes, les atomistes, les athées, les sensualistes, les empiriques, les anarchistes font mauvais ménage avec les officiels.
La Contre-histoire est l’histoire des marges, des philosophies évincées, des penseurs vaincus – Démocrite, Gassendi, Helvétius, etc. Ce sont les atomistes de l’Antiquité, l’épicurisme grec et sa formule campanienne, les gnostiques licencieux, les frères et sœurs du Libre Esprit, les libertins baroques, les ultras des Lumières, les socialistes utopiques détruits par le triomphe du marxisme (qui est une philosophie idéaliste emblématique), et tant d’autres philosophes dont je m’occupe pour le XXe siècle – Otto Gross, Erich Fromm, Wilhelm Reich, Paul Nizan, Georges Politzer, Camus, etc. Je propose qu’on redécouvre vingt-cinq siècles de sagesse pratique alternative. Je m’y consacre depuis dix ans cette année et pour trois ou quatre ans encore. »
Le Magazine littéraire :
« Votre Université populaire célèbre ses dix ans depuis sa création à Caen en 2002. Quel regard rétrospectif portez-vous sur le formidable succès de votre projet ? »
« Dix années avec un succès populaire et un silence quasi-total de la presse : il doit exister cinq ou six papiers consacrés à cette aventure dans la presse nationale depuis dix ans… L’an dernier, mon cours diffusé sur France Culture, comme c’est le cas depuis 2003, pendant les mois d’été, a été podcasté 450 000 fois : vingt-six séances retransmises avec un réel succès. Et les éditions Frémeaux ont édité 17 coffrets de 13 CD. Un succès public, populaire, en province, une aventure d’amis bénévoles qui travaillent gratuitement et exposent le résultat de leurs recherches dans une grande diversité de domaines, voilà qui montre que la province existe, qu’on peut y proposer des alternatives culturelles concrètes non subventionnées, que la culture populaire n’est pas une culture spécifique au peuple, mais une présentation spécifique de la culture au peuple. Normal qu’à Paris tout ça compte pour zéro, non ? Dans les provinces françaises, le principe de l’université populaire a déjà essaimé dans une vingtaine d’endroits. C’est ce qui importe. Loin du bruit… »
Le Magazine littéraire