« La crème du rockabilly » par Gilles Verlant / France Bleu

« Aujourd'hui, nous allons nous souvenir de l'un des plus brillants pionniers du rock'n'roll et de comment il est mort dans la misère, oublié de tous, à 36 ans seulement – et ça, c'est scandaleusement injuste ! Vincent Eugene Craddock, dit Gene Vincent, dit Gégène, est né en 1935 en Virginie. À 17 ans, il s'engage dans la marine. Trois ans plus tard, il bousille sa jambe gauche dans un terrible accident de moto. Comme il refuse de se faire amputer, on le soigne tant bien que mal mais pour le reste de sa courte vie, Gene Vincent va boiter et souffrir le martyre. Et c'est sur son lit d'hôpital, selon la légende, qu'il écrit les paroles de la chanson qui, en 1956, va faire de lui une star. Si l'on reparle du scandaleux Gene Vincent c'est parce qu'un coffret 3 CD est sorti récemment, qui contient ses 66 premiers enregistrements, tous réalisés entre 1956 et 1958. Autrement dit la crème du rockabilly, réédité et remastérisé, comme on dit, par le musicologue français Bruno Blum pour le label Frémeaux. Dans le livret qui accompagne le coffret il n'a pas de mots assez élogieux pour décrire le jeu de guitare de Cliff Gallup, qui fut pour beaucoup dans le succès de Gene Vincent. Ecoutez ça, c'est une merveille. Au fait, savez-vous pourquoi le groupe de Gene Vincent avait été baptisé "The Blue Caps", en français "les casquettes bleues" ? Eh ben c'est à cause du batteur, qui était toujours coiffé d'un béret bleu. Du coup les autres musiciens l'avaient imité, et le nom était resté. u printemps 1960 le destin joue à nouveau une vacherie à Gene Vincent : alors qu'il tourne en Grande-Bretagne, en compagnie de son collègue et ami Eddie Cochran, il est une fois encore victime d'un terrible accident lorsque le taxi dans lequel ils ont pris place s'encastre dans un réverbère. Gene Vincent souffre de blessures et de contusions diverses, mais il y a plus grave : son pote Eddie Cochran, emporté à l'hôpital, meurt quelques heures plus tard. Parmi les fans de Gene qui sont horrifiés par ce drame, on trouve un gamin de 17 ns qui fait partie du groupe semi-professionnel Ze Beatles, un certain Paul McCARTNEY. Là, c'était Paul McCARTNEY reprenant l'un des titres les plus célèbres de son idole Gene Vincent, dont la fin de carrière fut tragique. Poursuivi par le fisc américain, mais aussi par ses anciens musiciens à qui il devait de l'argent, ce grand voyou claudiquant se réfugia en Europe et tourna régulièrement en France et en Grande-Bretagne. En 1971, fauché comme  les blés, il retourna aux États-Unis pour mettre de l'ordre dans ses affaires. Et c'est là qu'il mourut, des suites d'un ulcère à l'estomac. Gene Vincent, martyr du rock'n'roll, on ne t'oubliera jamais et on dansera encore longtemps le Blue Jean Bop ! »
Par Gilles VERLANT – FRANCE BLEU