La grande dame de la chanson créole Moune de Rivel (1918-2014) gagne un coffret au livret impeccable, L’Intégrale chronologique 1949-1962, publié par Frémeaux & associés, où il est noté qu’elle fut l’heureuse descendante d’une famille d’exception, qui compta en ses rangs des esclaves affranchis, des anticolonialistes, des musiciens et un magistrat, son père, Henri Jean-Louis, qui combattit en Afrique pour l’égalité des droits et épousa en seconde noce la fille du roi du Gabon, par ailleurs grande prêtresse des rites Niembé. Moune, quant à elle, fait ses débuts de chanteuse dans un cabaret russe de Montparnasse, puis au cabaret « exotique » La Boule blanche de la rue Vavin. Elle y croise Kiki, Man Ray et Foujita. Son nom est attaché à celui de La Canne à sucre, toujours à Montparnasse, un cabaret ouvert en 1945 et fermé en 1996. Compositrice, interprète singulière, Moune de Rivel est aussi passée par Harlem. Elle a enregistré avec l’orchestre d’Al Lirvat des biguines, des berceuses, des chansons du folklore haïtien, des calypsos… A la fin des années 1950, elle est accompagnée par l’orchestre de Pierre Louiss, où officie, au vibraphone, Eddy Louiss, mort le 30 juin. Le voyage nous mène de la biguine « wabap » aux chants pour l’Indépendance de la Haute-Volta.
Par Vérorique Mortaigne - Le Monde
Par Vérorique Mortaigne - Le Monde