« La touche d’authenticité qui fait la différence » par Jazzman

Le déterminisme en matière de musique toucherait-il à sa fin ? Le pianiste David Fackeure est originaire de Dunkerque. Pourtant, il joue la musique des Antilles comme s’il était né sous les Tropiques. Il s’est choisi ce territoire musical, comme d’autres le be-bop ou la salsa. Son « Jazz on Biguine » évoque les « Biguine Reflections » d’Alain Jean-Marie, qu’il se reconnaît comme maître. Le vétéran du jazz antillais, le tromboniste Al Lirvat, a ces mots à son égard : « Mon cher David, tu as tout compris ! » Une autre grande voix de la Caraïbe vient lui apporter sa caution, l’actrice et chanteuse Jenny Alpha, venue interpréter un vieil air de Sylvio Siobud. Son disque sort de chez Frémeaux, qui a déjà publié plusieurs anthologies du jazz caraïbe. Autant dire que, si l’on est sur un terrain qui peut paraître connu, la musique de David Fackeure possède cette touche d’authenticité qui fait la différence entre l’appropriation réussie et l’exotisme de pacotille. Sur une musique si prompte au cliché et si exigeante au plan du groove (la rythmique tourne sur un bassiste guadeloupéen, Silvio Marie), il est difficile de faire illusion ; Fackeure passe la barre de la biguine avec brio. Et à ses côtés, avec un baryton de plongée, Xavier Richardeau évolue sur ce répertoire comme un poisson dans l’eau (tropicale).
Vincent BESSIERES – JAZZMAN