"Quand Gene Vincent enregistre « Be bop a lula », le 4 mai 1956, il porte déjà en lui sa destruction inéluctable. Depuis l’accident de moto en juillet 55, sa jambe ne cesse de le faire souffrir, ce qui le mènera à l’alcool et aux drogues et à une aide mécanique, couplée à sa future tenue de cuir noir, contribuera à construire son image de rocker maudit jusqu’à sa mort en 1971. Osons affirmer que Gene seul peut porter ce titre : Buddy holly et Eddie Cochran mourront jeunes, Johnny Burnette virera crooner, Bill Haley se figera dans une posture passéiste, Elvis vivra plus longtemps mais changera de monde. Le seul à suivre le chemin du rock, avec un succès limité, c’est Eugene Vincent Craddock, né en 1935 et touché par la grâce en 1956 avec ses enregistrements Capitol, entouré de son propre groupe, tellement bon que les requins de studio convoqués par le label ont laissé les instruments dans les étuis. Tous les titres avec le fantastique Cliff Gallup à la guitare sont repris puis un premier lot de ceux avec Johnny Meeks. Si le son change, la voix de Gene reste unique, capable de fulgurances très blues."
Par Christophe MOUROT – SOUL BAG
Par Christophe MOUROT – SOUL BAG