« Voici déjà venu, chez Frémeaux, le volume dix de l’intégrale de la chanteuse de gospels Mahalia Jackson. Avec ce CD qui termine l’année 59 et débute l’année 60, on est dans la période où Mahalia Jackson est admirée, fêtée, invitée pour ce qu’elle est : la plus grande chanteuse de gospels et de negro spirituals du monde ou, du moins, la plus connue. Témoin, cette invitation à chanter à la Maison Blanche pour l’anniversaire du président Eisenhower. Une Noire à la Maison Blanche ! En ces temps de ségrégation forcenée où la lutte pour les Droits Civiques battait son plein, Mahalia faisait figure de symbole. Avec, revers de la médaille, l’arrivée des crocodiles mercantis qui vont vouloir lui faire chanter de la soupe. Heureusement, le timbre tellement merveilleux de Mahalia Jackson va transfigurer leurs musiques et même les violonades sirupeuses et les chœurs émollients n’amoindriront pas son expression, par exemple sur les cinq hymnes avec l’orchestre de Percy Faith qui closent cet album. Ce dixième CD, qui commence avec un réenregistrement de « Trouble of the World » quasiment introuvable et par deux autres airs tout aussi excellents (« He Must Have Known » et « My Journey to the Sky ») nous donne à entendre la voix de la ferveur, de l’enthousiasme religieux qui ne peut laisser personne indifférent, même l’athée le plus sincère, car c’est la détresse humaine qui s’exprime. »
Par Michel BEDIN – On Mag
Par Michel BEDIN – On Mag