On associe invariablement et à juste titre le nom de Paul-Emile Victor à la grande saga des expéditions polaires, et pourtant lui rêvait de Polynésie. C’est d’ailleurs à Bora-Bora qu’il finira ses jours, en 1995. Mais le hasard allait bâtir la légende de l’exploration sous d’autres latitudes. Quand il rencontre Charcot en 1934, l’apprenti ethnologue de vingt-six ans répond à l’invitation de son aîné. PEV embarque à bord du « Pourquoi pas ? », cap sur le Groenland. Il y passe un premier hiver, apprend de sa compagne Doumidia la langue inuit, et collecte – entre autres – les récits rapportant la grande famine de 1882-1883. Un épisode terrible puisque les Esquimaux dévorent leurs morts pour survivre. Paul-Emile Victor consignera ces récits dans son premier ouvrage, « La Grande Faim », paru en 1953. Il lira lui-même à la radio des extraits de son livre en 1956. Les extraits de ce document sonore unique, qu’édite aujourd’hui Frémeaux & Associés, ont double valeur de témoignage : ils racontent un épisode tragique de l’histoire du peuple inuit (un avertissement signale la description de « situations extrêmes » pouvant « heurter les sensibilités des plus jeunes et/ou aiguisées ») et restituent la voix de l’explorateur.
Francis KOCHERT – LE REPUBLICAIN LORRAIN
Francis KOCHERT – LE REPUBLICAIN LORRAIN