« Etonnant Bo Diddley ! Ni bluesman, ni rocker, ni funky, ni chanteur de calypso ou de rhythm'n blues, ni rappeur, ni comique, mais toujours à l’origine de tous ces genres de la musique populaire des années cinquante-soixante et plus. Les Rolling Stones ont chanté six titres de lui, les Beatles débarquant en Amérique et, première chose que demande John Lennon, c’est voir Bo Diddley. Compositeur de toutes ses chansons ou presque, ce phénomène qu’est Bo Diddley (enfance à la Cosette dans le Sud profond, adolescence à Chicago dans les bas-quartiers), il invente, avec des instruments pourris ou bricolés le fameux Bo Diddley beat qui passe à sa propre moulinette tout ce qui traîne comme influences musicales dans l’air (ainsi « Limber » et le « Banana Boat Song » de Harry Belafonte sont-ils très voisins). Métis franco-africano-indien blackfoot, il sort chez Chess des airs à lui, qui naviguent entre blues et rock n’ roll et que des milliers d’autres vont piller allégrement. Le funk, le rap, le rock plongent leurs racines dans ce Bo Diddley beat, dans sa musique, certes rudimentaire, mais extrêmement variée et qui marche à l’énergie pure, et dans ses inventions verbales à double sens venant des combats de mots usuels entre jeunes des ghettos. En nous offrant ce triple album de Bo Diddley (deux heures cinquante), le label Frémeaux nous ressuscite un compositeur d’une importance considérable pour la musique populaire du XXème siècle. Il ne ressemble à aucun autre chanteur, et pourtant, chez tous, on retrouve tel ou tel aspect de Bo Diddley. Le livret, comme à l’habitude bilingue et remarquablement bien fait, est dû à la plume pertinente de Bruno Blum. Cet album, si vous n’êtes pas parfait bilingue, vous promet des heures de recherche sur le web pour avoir les textes des chansons (et dans leur traduction de franches rigolades). »
Par Michel BEDIN – ON MAG
Par Michel BEDIN – ON MAG