"Philippe Gloaguen gardera toujours un souvenir particulier de (...) François Jouffa dont la voix avait accompagné ses soirées adolescentes. (...) En 1969, Jouffa avait été le premier journaliste français (de cette génération) à se rendre à Katmandou. Il était parti avec Sylvie, sa compagne, et un petit mini-cassette doté d'un micro sophistiqué. Son idée était d'enregistrer toutes les musiques qu'il trouverait entre Bombay et le Népal (...). En revenant, il portait des chemises indiennes, des colliers en bois de santal des vieux sages indiens, les sadous. Il s'étonnait que son rédacteur en chef, Jean Gorini, ne l'envoie plus couvrir avec son Nagra la sortie du Conseil de ministres. Par contre, il avait été convié à débattre à l'antenne d'une question grave : " Pour ou contre Katmandou et la route ?" Son contradicteur était un autre journaliste qui s'était rendu au Népal dans la même période, Dominique Jamet du Figaro Littéraire. Jamet n'était pas encore mitterrandophile mais très à droite et contre les hippies. Jouffa était plutôt pour (...). Lors de ce débat, Jouffa diffusa des extraits de ses enregistrements de musique népalaise. Le directeur artistique de chez Vogue lui proposa d'en faire un disque qui marchera fort bien. On y entendait des musiques des fêtes de septembre en l'honneur du dieu de la pluie, Indra. Des cymbales, des trompes tibétaines, des harmoniums indiens... François Jouffa partira ensuite dans d'autres pays, à la recherche d'autres musiques. Il y aura beaucoup d'autres disques (...). Pendant 15 ans, Philippe Gloaguen publiera dans le Manuel du Routard un article de François Jouffa sur l'enregistrement des musiques du monde."
par Philippe Trapier, "Génération routard", 1994.