La vie de Jean-Claude Roché est presque trop belle pour être vraie. Enfant, son père, Henri-Pierre Roché, l'auteur de Jules et Jim, l'emmène chez ses amis: Brancusi, Braque, Picasso. Sa mère, violoncelliste, lui offre dix volumes des Souvenirs entomologiques de Fabre, et encourage sa passion précoce pour les bestioles. Adolescent, il se noue d'amitié avec Jean Rostand, rencontré au Club d'échec de Ville d'Avray. Jean Rostand lui passe moult commandes de crapauds et de grenouilles, ce qui permet à Jean-Claude Roché de s'offrir une caméra 16mm. Il réalise un documentaire sur les insectes de Provence, produit par François Truffaut, et primé au Festival du film scientique de Bruxelles. C'est la gloire et l'argent. Paris-Match lui commande un reportage, Réalités également. Du coup, Jean-Claude Roché achète du matériel de prise de son et se lance dans l'enregistrement des oiseaux. Son premier disque, Oiseaux de Camargue, se vend à 10 000 exemplaires, et obtient en 1958 le Grand Prix du disque, de l'académie Charles Cros. Depuis bientôt quarante ans, Jean-Claude Roché arpente les Alpes et le Désert, l'Europe et tous les continents, les îles, les forêts, pour épier et nous rapporter d'autres chants d'oiseaux. Ses disques, tel son Guide sonore des oiseaux d'Europe, servent de référence aux ornithologues. Un nouvel épisode commence, il y a une dizaine d'années, avec la création de Sitelle (devenu Frémeaux et Associés en 2007) sa propre maison d'édition[...]. En France presque tout le territoire est domestique. Seules quelques tâches dans le Vercors, le Briançonnais, en Savoie, offrent du son sauvage. Et au-dessus de deux milles mètres, bien sûr, on entend l'alouette des champs, le traquet moqueux, la niverole, l'accenteur alpin, les chocards. L'aigle royal peut passer, le grand corbeau, ou le lagopède. Les marmottes sifflent. Les avalanches grondent. Les glaciers aussi produisent de très beaux sons, mais pour les enregistrer, il faut creuser des galeries. Propos recueillis par Christian BLANC - ALPES MAGAZINE