« La première note de Louis Armstrong puis sa coda sur « Sleepy Time Down South » du 30 avril 1937 lors du Fleischmann’s Yeast Radio Show, d’entrée du CD1, subjuguent. Puis le « I’ve Got a Herat Full of Rhythm » (avec les excellents Albert Nicholas et Charlie Holmes comme pour la version studio, CD2) illustre Louis Armstrong à son sommet à cette époque (Paul Barbarin pousse l’orchestre terriblement). Les interjections parlées de Louis sont une astuce artistique pour reposer les lèvres du trompettiste dans un solo d’un incroyable panache sur « You Rascal You ». Certes son solo «On the Sunny Side » est le même que celui qu’il joue depuis plusieurs années déjà, mais on ne s’en lasse pas… car l’ «impro» on s’en fiche, la musique d’abord ! Et quelle maîtrise jusqu’au glissando aigu final. L’orchestre se montre très bon (quoi qu’ont pu dire les critiques de « jazz ») dans le « After You’ve Gone » notamment les solos de Charlie Holmes (as), Jimmy Archey (tb) et bien sûr de Louis, triomphal ! Voilà donc le type d’émission radiodiffusée avec en vedette Louis Armstrong, en 1937 ! On croit rêver. Le reste du CD1 est consacré aux émissions de la NBC des 7 au 23 mai 1937, confirmant l’injustice dont fut victime l’orchestre de Luis Russell devenu celui de Louis Armstrong : Bingie Madison (ts) dans « Rhythm Jam » (et ce Paul Barbarin !), l’arrangement pour les sections de trombones, saxophones et trompettes de Chappie Willey sur « That’s What I Like » (le premier trompette est le merveilleux Leonard Davis), le drumming encore et toujours de l’extraordinaire Paul Barbarin derrière son super soliste sur « Memories of You », la partie en détaché de la section de trompette dans « Ida » (Leonard Davis, Louis Bacon, Red Allen), Albert Nicholas et Pops Foster dans «Washington and Lee Swing », Jimmy Archey et Charlie Holmes dans «I Know That You Know», Albert Nicholas avec Paul Barbarin dans «Sugar Foot Stomp », (brièvement) Red Allen dans « Bugle Blues »… Et Louis ? Incroyable. Infaillible et d’une suprématie magique. Le CD2 aborde la production Decca et les films d’Hollywood. Louis est bien plus que du « jazz ». Il y a la séance du 29 juin 1937 avec les Mills Bros (dont une prise radio est aussi dans le CD1) et l’évocation swing de Cuba par Louis (« Cuban Pete »). A noter les solos de Bingie Madison (très Hawkins) et Charlie Holmes dans « True Confession » évidement dominé par le leader. Les solos de Louis Armstrong sont sans concurrence : « Alexander’s Ragtime Band », «Once in a While » (moyenne formation avec Madison et J.C. Higginbothan), « Satchel Mouth Swing » (final… et Paul Barbarin !), « Jubilee » (du 1er janvier 1938, illustration de swing, pour ceux qui ne connaissent pas), « Struttin’ With Some Barbecue » (version big band géante), et il faut tout citer. Comme toujours pas une note de Louis Armstrong n’est négligeable. Le CD3 poursuit la réédition des faces Decca / Brunswick avec son orchestre, les Mills Bros ou un groupe de studio (24 juin 1938 : «I Can’t Give You Anything But Love », « Ain’t Misbehavin’ »). Evidemment on a tendance à n’écouter que la trompette de Louis Armstrong, mais son chant est tout aussi admirable et là nous en avons la séance religieuse de 14 juin 1938 où il n’est que chanteur avec le chœur Lyn Murray : « Shadrack », « Nobody Knows », etc.…, un essai marquant. Espérons la survie de cette collection. »
Par Michel Laplace — JAZZ HOT
Par Michel Laplace — JAZZ HOT