« C’est sous l’angle de la conception que Freud se fait de la condition humaine et non sous celui de l’étiologie des maladies mentale, que Luc ferry entreprend de comprendre et d’expliquer l’œuvre de Freud. Approche de philosophe donc, contournant les difficultés d’un affrontement à la validité scientifique de l’œuvre, tout comme renonçant à chercher dans l’auteur les raisons de sa démarche. […] Au demeurant, la méthode généalogiste, comme le rappelle intelligemment Luc ferry, n’a jamais réussi à démontrer quoi que ce soit : prétendant bâtir sa légitimité de ce que tout discours ne soit qu’un masque, elle n’est à tout prendre qu’un masque supplémentaire ajouté à ceux qu’elle validait. […] Luc Ferry donc, ne mâche pas ses compliments à l’égard de Freud. Il voit même dans son Introduction à la Psychanalyse un chef-d’œuvre de profondeur philosophique et de pédagogie scientifique. […] Philosophe, Luc Ferry relève aussi le défi de penser le sens du vrai en psychanalyse, argumentant ici son approche en l’appuyant sur les deux fondements métaphysiques de la notion de vérité, pour conclure que la psychanalyse si, à l’évidence, ne peut être considérée comme une science exacte, n’en est pas pour autant une métaphysique […] Balayant enfin la fortune de la psychanalyse après Freud, balayage largement consacré au décryptage des discours de Lacan, Luc Ferry revient heureusement aux différences qui fondent les écarts entre le discours de la psychanalyse et celui de la philosophie. La philosophie grecque tentait de prendre soin de l’âme, non des âmes en particulier. Un soin articulé à celui de la pensée, du jugement. Un soin tentant de fonder une réflexion sur le sens et les dimensions de la Vie Bonne, mais à la différence de la psychanalyse, un soin qui n’était pas consacré aux âmes, en ce sens que la psychanalyse, elle, lutte contre des angoisses pathologiques qui naissent de conflits psychiques. Et si les philosophes semblent eux aussi s’occuper de certaines de nos angoisses, c’est exclusivement dans leur dimension métaphysique, comme dans la question de la finitude de l’existence humaine. Une angoisse, certes, mais qui n’est en rien pathologique, même si elle peut s’actualiser dans une angoisse psychologique. »
par Joël JEGOUZO
par Joël JEGOUZO