Compositeur, arrangeur et interprète né en 1933 à Douala (Cameroun)
"Quand il signe “Soul Makossa”, le natif de Douala à quarante ans. C’est-à-dire assez de recul pour que cet incroyable succès ne lui fasse pas tourner la tête. Manu Dibango garde donc les pieds sur terre, même si sa carrière s’envole vers la cime des charts. D’autant que “Soul Makossa” ne fait que concrétiser les expériences élaborées depuis le milieu des années soixante. Curieux de toutes les musiques, ce jazzman de formation s’est converti à ce que l’on nommera bientôt le « rare groove », une bande-son entre soul jazz et afro funk, le tout relevé de ce qu’il faut de « clave » latine. Ce dont témoigne justement le bien-nommé “Woodoo”, qui compile des séances réalisées à Paris en 1971 et à New York en 1975. Soit avant et après le fameux “Soul Makossa”. D’ailleurs, comme pour ce titre, logé sur une obscure face B, il y est question de boucles obsédantes, de solos décapants, de rythmiques enivrantes. En clair, une transe de notes qui, sous ses faux airs légers et ses traits d’humour, annonce le changement radical de perspectives pour les musiques urbaines estampillées « africaines ». Mieux, en 2008, ces thèmes s’avèrent ne pas avoir pris une ride avec le temps, gagnant même en notoriété auprès de la confrérie des chercheurs de pépites sonores. Tel un formidable retour vers le futur, ce document devrait pouvoir les rassasier, ou du moins leur mettre l’eau à la bouche, et leur faire dresser l’ouïe, puisque ceci n’est qu’un début, selon le vieux Lion au sourire légendaire."
par Jacques DENIS
Bio © 2008 Frémeaux & Associés
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