Ce « Saint-Germain-des-Prés » s’intitulait précédemment « Patchwork » et ça lui allait mieux. C’est en effet un disque complexe, comme son auteur. Il rend compte, davantage peut-être que n’importe quel autre disque, de l’amour profond, de l’enthousiasme indéfectible de Marcel Zanini pour le jazz, sous toutes ses formes. Il y a un Round Midnight très monkien, un long solo modal sur des perçus africaines (Black, un truc imparable pour vos blindfold tests), un ténor sorti de chez Hampton, un autre (le même) au swing lestérien, un magnifique son de clarinette, beaucoup de blues, etc. On rencontre aussi dans cette anthologie une palanquée de musiciens singuliers, à commencer par Sam Woodyard. On n’est pas au local 802 mais, tout de même… Marcel Zanini peut être légitimement fier de ce CD. Il y a également pas mal de paroles en français et c’est drôle. Loin des noces et banquets, farces et attrapes, Bataille et Fontaine, l’humour zaninien joue de la distanciation… Marcel Zanini est une sorte de Buster Keaton, très décalé, tout de légèreté, pour ne pas parler de grâce. Mais il faudra que vous alliez le voir en scène pour sentir vraiment cette dimension du personnage.
Guy CHAUVIER – JAZZ CLASSIQUE
Guy CHAUVIER – JAZZ CLASSIQUE