« Quoi de neuf en ce printemps ? Serge Gainsbourg. Encore un « nouveau » disque de Gainsbourg dans les bacs. Et, en même temps, encore un nouveau film sur Gainsbourg au cinéma. Si c’est une blague elle est de mauvais goût. N’a-t-on pas déjà tout vu, tout entendu, tout lu et tout écrit sur l’homme à la tête de chou ? Personne n’ignore plus rien sur sa vie, son œuvre, ses frasques, alors laissez-nous maintenant apprécier ses chansons en paix. Ginsburg saturation : basta ! Le cinémaniaque se méfie. Comme toujours, il se trompe énormément, le disque et le film ne sont absolument pas de trop. Le coffret édité par Frémeaux & Associés s’intitule « Intégrale Serge Gainsbourg et ses Interprètes ». Soixante-six titres dont treize inédits. Loin d’être une arnaque, cette compilation soigneusement établie par Olivier Julien et Frédéric Régent restitue l’intégralité de ses premières créations, interprétées par lui-même ou par ceux qui l’ont fait connaître (Greco, Jean-Claude Pascal, Lucien Attard, etc.). Naissance d’un phénomène. Le vrai bonus du coffret ne réside pas dans les titres inédits – qui ne le sont pas tous tant que ça à l’heure du net – mais dans les introductions et les interludes qui laissent entendre les premières interviews de Gainsbourg, « ce jeune homme venu du jazz » avec la ferme intention de secouer le vieux music-hall français d’après-guerre ? L’interview de Roger Bouillon en 1958 est un précieux document, mais la palme revient sans conteste au génial Francis Claude qui présente pour la première fois Serge Gainsbourg en public aux auditeurs de Paris-Inter. C’est en fait un discours, un manifeste. En 1957, Francis Claude sait que Gainsbourg a incontestablement beaucoup de talent et un long chemin à parcourir avant de rencontrer le succès populaire. Il exhorte son public à gagner du temps, à découvrir et à adopter tout de suite celui qui va révolutionner la chanson française du XXe siècle. »
Par Tewfik HAKEM - VIBRATIONS
Par Tewfik HAKEM - VIBRATIONS