Onfray célèbre le sens du concret par Lire

Ses livres, ses cours et ses conférences ont beaucoup contribué à faire connaître Epicure à un large public et davantage encore les multiples ramifications historiques de l’épicurisme. Sa Contre-histoire de la philosophie redonne à Epicure, aux épicuriens, et plus généralement aux philosophies hédonistes et matérialistes une place centrale que la morale chrétienne puis, dans une moindre mesure, bourgeoise avait eu tendance à nier. Dans sa Théorie du corps amoureux, Onfray célèbre le sens du concret, l’érotisme solaire et l’antiplatonisme prénietzchéen d’Epicure. Certes, il sélectionne dans son Epicure ce qui convient au « personnage conceptuel » - notion empruntée par Onfray à Gilles Deleuze – qu’il se forge à l’occasion et en gomme d’autres aspects, mais c’est le droit de tout interprète que de procéder à ce genre de tri sélectif. Au fond, et pour ce qui concerne l’héritage épicurien et même s’il s’en défend, Onfray n’est pas aussi éloigné des thèses de Jean-Marie Guyau (1854-1888), auteur d’une Morale d’Epicure, influencé par l’utilitarisme et qui s’est fait le chantre d’« une morale sans obligations ni sanctions ». Guyau, un philosophe tôt disparu que Nietzsche – autre référence d’Onfray – avait lu attentivement !
Par Jean MONTENOT – LIRE