La seule séance studio de ce recueil est la première de Parker avec cordes et hautbois, celle du 30 novembre 1949, que l’on appréciera tout particulièrement ici dans le voisinage voulu par la chronologie entre différentes captations en public. Où l’on voit le Bird capable d’adapter comme personne son sens du développement et la densité du propos aussi bien au format court du 78-tours qu’à celui ad lib du concert. Le sucre de l’orchestre de chambre filé par l’arrangeur Jimmy Carroll fait une traîne légère aux solos d’un Charlie Parker que cette situation incongrue, voulue par lui, transporte littéralement. Auparavant, on l’aura entendu jammer au Carnegie Hall, devant les micros du JATP, avec Roy Eldridge, Tommy Turk, Lester Young, Hank Jones, Ray Brown et Buddy Rich. Ça barde et le public trépigne ! Les deux autres Cd montre Parker au sommet de son art même si la prise de son du 18 février 1950 à la St. Nicolas Arena ne nous permet pas d’apprécier Roy Haynes à sa juste valeur. Par bonheur, le même quintette (Red Rodney époustouflant, Al Haig, Tommy Potter et Haynes) nous offre une captation très présentable de Voice of America au Carnegie hall le 24 décembre 1949 : Koko, Bird of paradise et Now’s the Time. Rien que pour ces trois raretés, ce volume veut le détour. D’une moindre qualité sonore, les quatorze morceaux (laissons de côté l’EmbraceableYou gâché par un épouvantavle Jimmy Scott) de début 1950 au Birdland méritent toute notre attention : Art Blakey, Curley Russel, Bud Powell et un Fats Navarro qui semble démentir qu’il n’a plus que quelques semaines à vivre. Pas le grand publié, mais l’un des plus puissants recueils de cette intégrale.
Par Franck BERGEROT – JAZZMAG - JAZZMAN
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