« Porte trace de la mécanique parfaite d’un récital du crooner » par Chants… Songs

« Quand « The Voice » se produisit à Paris, dans les années 60, cela a laissé quelques traces discographiques. Frank Sinatra – Live in Paris 5/7 juin 1962 nous fait faire un joli saut dans le passé. En juin 1962, Frank Sinatra se produit  pour la première fois à Paris, d’abord au Lido et ensuite à l’Olympia. Il a 46 ans et signe des concerts pour des organisations caritatives voulant aussi se refaire une image après avoir été accusé d’être mêlé à des histoires de mafia. Une organisation très impliquée à l’époque dans le petit monde du show business américain. Collaborateur de longue date de l’Olympia, Jean-Michel Boris raconte ainsi son arrivée : « On l’attendait et on savait que ce n’était pas un « client » facile. Je crois que son avion avait du retard. …/… Et puis soudain s’encastre dans la rue Caumartin une immense limousine, six portes, noire, rutilante. Trois ou quatre gardes du corps en descendent. Costard, lunettes noires, look des Blues Brothers. Ils jettent un coup d’œil à droite, à gauche, puis ouvrent la porte. On était là, le petit doigt sur la couture du pantalon. Un homme de taille moyenne sort, avec un petit chapeau et un regard bleu acier. Il nous salue de loin et file directement sur scène. Inutile de dire que l’orchestre se tenait à carreau. Tout le monde était là, prêt à partir, après avoir bossé les partitions comme des malades. Sinatra se plante devant le micro et fait un signe de la tête : « My name is Frank Sinatra. One, two, three… » Et le voilà qui « file » l’intégrale de son répertoire, dans l’ordre, sans regarder qui que ce soit, sans une hésitation, sans un arrêt, sans un mot. On n’en revenait pas. A la fin, il tourne les talons : « A ce soir ». Professionnel à ce point, c’est presque inhumain.  » Pendant une heure et demie, Sinatra va interpréter ses plus grands succès – Chicago, My Funny Valentine –  sur des arrangements de Neal Hefti. A l’écoute, on sent le show bien réglé et l’interprétation toujours parfaite même s’il n’y a pas la petite flamme qui reste gravée dans les mémoires. Sinatra fait le job, plutôt très bien, mais sans ajouter un supplément d’âme ni nourrir son show des répliques à la Dean Martin qui n’hésite pas à se jouer avec  flegme de son image. Et même si Sinatra s’autorise un monologue à mi-parcours ;  le même qu’il prononcera, quelques jours plus tard, sur une scène londonienne. Amateur de femmes, « The Voice » ne pouvait pas ne pas se produire aussi au Lido, alors temple de la séduction féminine. Peu amateur de voyages, Sinatra se produira ensuite à quatre reprises à Paris, de 1975 à 1991, où il chanta au Palais des Congrès. En tout cas, cet enregistrement à la sonorité parfaite porte trace de la mécanique parfaite d’un récital du crooner. »
Par François CARDINALI – CHANTS… SONGS