Une œuvre est morte quand elle ne nous parle pas ou ne nous parle plus. Autrement dit, quand l´amour s´en est retiré. Jean Paulhan avait l´habitude de dire : « C´est celui qui aime qui a raison. » Ici, c´est Jean-Pierre Cassel qui a raison, et cela s´entend. Dès les premiers mots, le texte de Sénèque est là, avec la force de sa condamnation et l´évidence de son étonnement. Pourquoi se plaindre de la brièveté de la vie ? Pourquoi tant de récriminations contre un temps que les hommes s´emploient à perdre ? Il s´agit de sauter sur la berge et de jeter un regard sur la constante et vaine agitation du fleuve. Plutôt qu´ailleurs, la vraie vie est ici, autrement. Au désordre des passions et à leur fougue, il faut substituer la décantation de la raison. A la vie hors de soi, la vie retirée. C´est au nom de cette raison salutaire que Sénèque se permet de faire la leçon à Paulinus dont on découvre qu´il a en charge l´alimentation de Rome : « Il vaut mieux tenir les comptes de sa vie que ceux des blés de l´Etat. » Cela relève de la conversion.
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