Pas la peine d’essayer de compiler les premiers titres d’Elvis Presley en regard des originaux, Frémeaux a confié le job à Bruno Blum. Le résultat est superbe et imparfait. Comment être parfait quand il s’agit d’expliquer la magie d’une alchimie survenue en 1954 dans le studio de Sam Philips à Memphis, qui permit à un adolescent d’exprimer sa vie, ses envies, sa sensibilité, son âme, dans un mélange de blues et de country jusque-là inédit ?
Elvis sera le seul à mélanger à ce point les deux mondes, les autres héros du rockabilly, genre ainsi créé, n’ayant jamais mis la même dose de blues que lui. Avec ses compères Scotty Moore à la guitare, Bill Black à la contrebasse, soutenue par le génie de Philips, il atteint pendant deux petites années un niveau de vérité musicale supérieur, générateur de sensations rien moins que charnelles, avec lesquelles on s’endort difficilement dans le noir. Il ne le retrouvera plus, car la machine commerciale se mettra en route, bridera sa puissance intérieure et l’isolera dans un monde à part. Shake rattle and roll en 1956 est bien moins pervers que l’original de Big Joe Turner en 1954. Mais le succès sera plus fort encore tant il est vrai que la réaction du public se faisait par rapport à ce qu’il croyait être, pas par rapport à ce qu’il était vraiment. Avec le recul, on voit qu’Elvis a plus inventé une génération qu’un genre. Musicalement, il était le seul au monde avec une telle personnalité que bien des originaux mis ici en comparaison paraissent pâlots à côté de ses reprises. Quelques remarques : le Tutti frutti de Slim and Slam n’est pas le même morceau que celui de Little Richard : la période proposée aurait permis d’inclure One night de 1958 repris de Smiley Lewis en 1956. Qui ne ressent pas la magie là, ne la ressentira jamais.
par Christophe Mourot – Soul Bag
Elvis sera le seul à mélanger à ce point les deux mondes, les autres héros du rockabilly, genre ainsi créé, n’ayant jamais mis la même dose de blues que lui. Avec ses compères Scotty Moore à la guitare, Bill Black à la contrebasse, soutenue par le génie de Philips, il atteint pendant deux petites années un niveau de vérité musicale supérieur, générateur de sensations rien moins que charnelles, avec lesquelles on s’endort difficilement dans le noir. Il ne le retrouvera plus, car la machine commerciale se mettra en route, bridera sa puissance intérieure et l’isolera dans un monde à part. Shake rattle and roll en 1956 est bien moins pervers que l’original de Big Joe Turner en 1954. Mais le succès sera plus fort encore tant il est vrai que la réaction du public se faisait par rapport à ce qu’il croyait être, pas par rapport à ce qu’il était vraiment. Avec le recul, on voit qu’Elvis a plus inventé une génération qu’un genre. Musicalement, il était le seul au monde avec une telle personnalité que bien des originaux mis ici en comparaison paraissent pâlots à côté de ses reprises. Quelques remarques : le Tutti frutti de Slim and Slam n’est pas le même morceau que celui de Little Richard : la période proposée aurait permis d’inclure One night de 1958 repris de Smiley Lewis en 1956. Qui ne ressent pas la magie là, ne la ressentira jamais.
par Christophe Mourot – Soul Bag