Quel bel objet ! Un rappel du talent polymorphe d’un des meilleurs pianistes de ragtime français, chef d’orchestre de big band dans la tradition ellingtonienne à l’écriture claire et puissante, sans afféteries, et pionnier du crossover avec ses albums autour de compositeurs et musiciens classiques. Sur cette anthologie concoctée par Stéphane Lerouge, c’est le versant compositeur de musiques de film qui est abordé. Et tant l’amateur d’un certain jazz que le cinéphile s’y retrouveront. Car l’on passera allègrement de l’attendu big band parfois mâtiné de cordes, à des évocations d’univers moins volontiers associés au compositeur : des pièces vocales (« Le Vent », les collaborations avec Régine Crespin ou Edda Dell’Orso, la voix d’Ennio Morricone), certaines formes de lyrisme à la Max Steiner (« Evasion & Final »), de très belles ambiances orchestrales, d’autres aux faux airs de Lalo Schifrin, Henry Mancini, John Barry ou François De Roubaix, mais sans imiter l’un ou l’autre, simplement dans l’air du temps, de la brit pop à l’exotica, avec une écriture rythmique bien personnelle. On retrouve bien sûr les madeleines : « Borsalino, les Brigades Du Tigre ». Et surtout, tout le temps, de la musique, des thèmes, des variations, des orchestrations, des solistes d’exception. Riche, et jubilatoire.
Par Jean-Stéphane GUITTON – JAZZMAG - JAZZMAN
Par Jean-Stéphane GUITTON – JAZZMAG - JAZZMAN