Somptueuse anthologie par L'Affiche

La légende a retenu le 5 juillet 1954, jour où un employé de la compagnie d’électricité de Memphis, Tennessee, Elvis Aaron Presley, enregistre pour un standard de rhythm n’blues, « That’s All Right Mama » d’Arthur « Big Boy » Crudup, comme date de naissance du Rock n’roll. Mais pour naître il faut avoir été engendré. Les innombrables papas et mamas d’Elvis et consorts sont recensés dans « Roots Of Rock n’Roll 1938-1946 », somptueuse anthologie en deux Cds et quarante titres des grandes manœuvres de rapprochement de Mister Blues et Miss Country sous la houlette du grand entremetteur Doc Boogie Woogie. Sangs mêlés, sons mêmes : cette période de bruits et de fureur jette à nouveaux les miséreux et leurs musiques populaires sur les routes du sud rural et du nord urbain. Au contact du swing des villes, ses musiques populaires américaines s’enflamment, s’électrisent. Un groove irrésistible, rapide, érotique, le boogie woogie. Ce tempo né dans les jukejoints (ces bouges musicaux du ghetto) prend l’allure d’une tornade frénétique dans tous les ballrooms, des bars des ghettos noir aux clubs huppés jouxtant Park Avenue. Beaucoup des tracks de cette époque, ici retrouvés , deviendront des standards du Rock n’roll. Le susnommé « That’s All Right Mama » à l’orchestration épurée (guitare électrique-basse-batterie) et purement rythmique évoque déjà le son futur des disques Sun. Mais son auteur Arthur Crudup n’entendra, lui, jamais tinter le son d’une royaltie. Louis Jordan est présent avec son fameux classique « Caledonia Boogie ». Chuck Berry reprend un classique d’Amos Milburn, formidable pianiste noir texan de Woogie dont se souviendra aussi Little Richard « Hillbilly Boogie » des countrymen Delmore Brothers est déjà un pur Rockabilly avant l’heure. Egalement présents : T. Bone Walker dont beaucoup de guitaristes de rock ont puisé quelques idées à cette source. Champion Jack Dupré, Big Bill Broonzy, Big Joe Turner, Bill Monroe père du Blue-grass. On croise aussi  Peggy Lee, fille du nord douée d’un swing exceptionnel. Mais c’est la Diva Ella Fitzgerald qui la première accolera dans un chanson de deux mots « balance » et « roule ». « Roots Of Rock n’Roll, 1938-1946 », aux pionniers du rythme, le rock reconnaissant. JACKROLL M. – L’AFFICHE