Prêtant sa belle voix chaude à une nouvelle version du Roman de Renart – l’un des premiers récits de la littérature européenne – dans laquelle il tient le rôle essentiel du narrateur, « Monsieur Jean » nous a accordé une entrevue où il clame son amour du goupil et…du son !
Le Journal du Médecin : Ce livre, c’est une cure de jouvence qui vous renvoie à l’époque ou vous présentiez le Disney Channel sur France 3 il y a près de 20 ans ?
Jean Rochefort : Oui, si l’on veut. En fait c’est un exercice, que j’aime bien. Le souvenir d’enfance de contes racontés niaisement était pour moi une souffrance…J’avais l’impression qu’on me prenait pour un handicapé mental. Donc j’essaie le plus « intelligemment » possible de raconter des choses aux enfants en les considérant comme des adultes, ou du moins des majeurs…J’ai toujours peur que les enfants ne sortent de la réalité des personnages qu’ils s’inventent à cause d’un jeu d’acteur trop rigolo. Je veux que les histoires restent fortes, qu’elles existent : qu’on tremble, qu’on rie de par la situation même et non pas de par les éléments extérieurs.
- Je vous trouve d’une grande humilité dans votre interprétation du narrateur…
- Je le voulais ainsi. Je désirai jouer ce rôle avec simplicité et me mettre au service de l’histoire.. ;C’est toujours ce que j’ai essayé de faire, de rester en retrait de ce qu’on raconte. C’est mon bon Louis Jouvet qui disait cela : « Le mot est plus fort que nous ».
- Je vous voyais bien en Renart : vous avez un peu le profil du goupil…
- Mais vous me flattez, cher ami ! J’habite dans une région où l’on compte beaucoup de renards : je les trouve d’une beauté à couper le souffle…je suis donc très honoré.
- D’ailleurs, on sent bien que même si ce n’est pas un personnage des plus sympathiques, vous le prenez un peu en pitié…
- Ah oui bien sûr. Tous les êtres ont droit à notre pitié. Et vous savez, la quête de la nourriture est une chose émouvante malgré les ruses employées par notre ami. Mais j’adore aussi les loups que je trouve magnifiques !
- Que l’on joue une pièce, un film ou que l’on enregistre ce genre de disque…l’approche est elle la même pour un comédien ?
- Non, cela n’a rien à voir. Il est infiniment plus simple de préparer le rôle d’un lecteur pour un compact disc que de préparer un rôle au cinéma ou au théâtre : on a le texte devant soi et cinq lectures appliquées suffisent en général à voir dans quel esprit on veut le dire…Et j’aime bien quand vous dites qu’on entend que je le prends en pitié aussi, ce pauvre Renart. Beaucoup d’enfants, malgré la télé et l’image, aiment assez écouter. Et je sais qu’écouter fait appel à l’imagination de l’auditeur : c’est lui qui va former l’image du personnage et du décor. D’où le gros impact de la radio et des CD. J’adore le son en fait.
- Et d’où vous vient cette passion pour le sonore ?
- Sans doute de ma génération, des petites villes de France, en des temps reculés ou la télé n’existait pas : les provinces françaises étaient à cette époque complètement déculturées. Nous écoutions, ma mère et moi, dans le noir, les retransmissions théâtrales à la radio depuis Paris. On entendait les acteurs se déplacer sur scène et le plancher du théâtre craquer. Cela faisait rêver les deux provinciaux que nous étions : il n’y avait qu’une tournée d’opérette qui passait le samedi dans notre bonne ville de Dinan, un point c’est tout. La radio est une invention merveilleuse alors que la télévision, ma foi, on aurait peut être pu passer à côté sans que cela soit trop grave…Socialement, c’est tout de même assez grave, non ?
- On remarque une recrudescence des festivals de contes, en Belgique notamment…
- Tant mieux, cela nous donne de l’espoir pour l’avenir. Il y a un certain goût du romanesque – peut être en réaction aux produits télévisuels formatés – qui revient…pourvu que ça dure !
- Revenons au CD. Comment cela se passe-t-il, vous enregistrez ensemble avec les autres acteurs du récit, ou séparément ?
- J’ai enregistré séparément, mais j’aurais préféré assister à l’enregistrement des autres personnages. Nous n’avons pas non plus fait de lecture commune, ce que je regrette un peu.
- Et Don Quichotte en disque, ça vous tenterai ?
- Aah, depuis ma mésaventure « chevaline » avec Terry Gilliam sur le tournage de l’œuvre de Cervantès, je ne veux plus toucher à Don Quichotte.
- Vous avez d’autres projets sonores ?
- Non. Mais je suis toujours partant pour ce genre de choses.
- Quel texte vous tiendrait-il à cœur d’enregistrer ?
- Un livre Allemand de 1938 que je viens de lire, qui s’appelle Le Mur Invisible, une œuvre de Marlen Hausofer traduite et éditée en français chez Actes Sud. Un roman dans lequel je suis entré avec passion. L’histoire en est très simple : une jeune femme se trouve en montagne dans le chalet d’amis qu’elle attend, mais qui n’arrivent pas. Elle va dans le jardin et se cogne contre une muraille invisible qui la sépare d’une catastrophe chimique ou nucléaire qui a pétrifié toute vie. Elle se retrouve seule sur la planète avec un chien, un veau et une vache. Tout le reste est mort. Une mise en garde salutaire contre ce genre d’évènements qui peut se produire si la planète continue ainsi. J’ai pensé faire des lectures de ce roman et peut être un film que je réaliserais moi-même…J’attends la réponse pour les droits d’auteur.
- Et le Roman de Renart vous le connaissiez avant de l’enregistrer ?
- Oh oui, il fait parti du patrimoine scolaire !
- Vous inventez vous-même des histoires pour vos petits enfants ?
- Oh, j’en ai tellement des enfants, de tous les âges et de tout les gabarits. J’aime mieux envoyer à mes enfants et petits enfants des CD parce que , voyez-vous, si je leur raconte en direct cela me donne l’impression de travailler au noir (il rit).
- Et en inventer ?
- Je vais vous décevoir, mais non. J’ai compris que la seule aide que l’on peut apporter aux enfants, c’est de les écouter…c’est peut être parce que pour l’instant j’ai deux filles « en magasin » qui ont respectivement treize et dix ans…C’est l’âge où elles ont envie de se confier à quelqu’un qui les écoute vraiment.
- Là encore vous faites montre d’une grande humilité, car souvent les parents ou les grands parents se disent " je vais lui apprendre la vie moi, à cette petiote ou ce petiot "…
- C’est plutôt de l’autoprotection parce qu’en racontant aux enfants notre expérience de la vie, on risque de surprendre dans leur regard une haine profonde, un désir de nous supprimer le plus vite possible…Donc je m’abstient, je les écoute, de temps en temps je houle du chef dans le vide parce que je n’écoute pas toujours avec la concentration nécessaire…mais mon métier me permet de faire semblant (il rit).
- Vous croyez en l’avenir de ce genre de supports, je veux dire le livre enregistré ?
- Ça marche pas mal, je pense. Et puis, pour l’automobiliste, c’est bien. Vous savez, il y a des gens qui partent pour de longues expéditions et qui s’envoient Proust ou Ghelderode. Je dis Ghelderode parce que je l’ai joué : quand j’étais jeune acteur, il avait la côte, je peux vous dire…
- Avez-vous enregistré des dramatiques semblables pour France Inter ou France Culture ?
- Oh, j’en ai fait énormément ! C’était un bonheur absolu et une expérience très formatrice pour les acteurs. Un moment merveilleux, vraiment ! Et nous, les acteurs de ma génération, les Noiret, Marielle ou Crémer quand nous nous rencontrons, parce qu’on est resté très copains, très vite nous évoquons nos enregistrements radiophoniques, qui étaient un bonheur de tous les instants.
- Et puis vous deviez avoir de fameux fous rires ?
- Ah…certes ! Voulez vous une anecdote ? J’enregistrai pour Europe 1, je devais avoir 23-24 ans, j’enregistrai donc en direct un feuilleton qui s’appelait Hélène et son destin. Il racontait les affres amoureuses d’une hôtesse de l’air…Avec dans le rôle titre une actrice qui s’appelait Gisèle Pascal et qui pleurait à chaque épisode tellement elle croyait à l’histoire. Nous formions une équipe, les amants en fait de chaque escale : il y avait là Pierre Mondy, Michel Piccoli, Maurice Bireau et votre serviteur…un groupe de fameux rigolards ! Pendant une prise en direct, Maurice Bireau rote extrêmement violemment – ce qui, évidemment, m’ébranle – et me dit avec un sérieux immuable : « Fameuse la gueuze ! » J’ai failli me foutre par la fenêtre : vous comprenez, j’ai tellement ri en direct ! Il s’agissait d’histoires tragiques, voyez-vous : la pauvre fille ne baisait plus entre Bangkok et Singapour…il fallait trouver une solution le plus vite possible (il rit) : et l’actrice pleurait réellement, elle y croyait dur comme fer…Fameuse, la gueuze ! Moi : écroulé, broyé, détruit !
- Et refaire ce genre de « dramatique » aujourd’hui avec vos copains justement ?
- Ah…tout de suite ! Mais hélas, le théâtre radiophonique a pratiquement disparu. Il y a bien un feuilleton à 11h sur France Culture dont je suis un auditeur passionné. Mais l’âge d’or de ce genre d’émissions est bel et bien révolu. Une autre anecdote : un soir dans mon garage en rentrant du théâtre – il était une heure du matin – je tombe sur un récit d’épouvante. Une histoire terrifiante ; Je suis resté à écouter dans ma voiture et dans le noir, sans doute pour me rappeler mon enfance avec ma mère : j’ai eu très peur de ce que j’entendais. Il y a, avec le son, une force de persuasion énorme, plus que l’image à mon sens. Et ce n’est qu’au bout de quelques minutes que la voix…c’était moi ! Je ne me rappelais plus avoir enregistré Les aventures du Comte Dracula six mois auparavant.
- Votre mère a semble-t-il exercé une influence capitale dans le choix de votre carrière et votre amour du son ?
- Ma mère était la langueur et le romanesque dans le couple que formaient mes parents. Elle avait dans le regard un air évanescent et lourd de regrets d’une autre vie qu’elle aurait souhaité sans doute plus près de Paris, des choses de l’art. C’est elle qui m’a donné au départ le goût de la lecture et de la radio dont elle était fort friande.
Propos recueillis par Bernard ROISIN – LE JOURNAL DU MEDECIN
Le Journal du Médecin : Ce livre, c’est une cure de jouvence qui vous renvoie à l’époque ou vous présentiez le Disney Channel sur France 3 il y a près de 20 ans ?
Jean Rochefort : Oui, si l’on veut. En fait c’est un exercice, que j’aime bien. Le souvenir d’enfance de contes racontés niaisement était pour moi une souffrance…J’avais l’impression qu’on me prenait pour un handicapé mental. Donc j’essaie le plus « intelligemment » possible de raconter des choses aux enfants en les considérant comme des adultes, ou du moins des majeurs…J’ai toujours peur que les enfants ne sortent de la réalité des personnages qu’ils s’inventent à cause d’un jeu d’acteur trop rigolo. Je veux que les histoires restent fortes, qu’elles existent : qu’on tremble, qu’on rie de par la situation même et non pas de par les éléments extérieurs.
- Je vous trouve d’une grande humilité dans votre interprétation du narrateur…
- Je le voulais ainsi. Je désirai jouer ce rôle avec simplicité et me mettre au service de l’histoire.. ;C’est toujours ce que j’ai essayé de faire, de rester en retrait de ce qu’on raconte. C’est mon bon Louis Jouvet qui disait cela : « Le mot est plus fort que nous ».
- Je vous voyais bien en Renart : vous avez un peu le profil du goupil…
- Mais vous me flattez, cher ami ! J’habite dans une région où l’on compte beaucoup de renards : je les trouve d’une beauté à couper le souffle…je suis donc très honoré.
- D’ailleurs, on sent bien que même si ce n’est pas un personnage des plus sympathiques, vous le prenez un peu en pitié…
- Ah oui bien sûr. Tous les êtres ont droit à notre pitié. Et vous savez, la quête de la nourriture est une chose émouvante malgré les ruses employées par notre ami. Mais j’adore aussi les loups que je trouve magnifiques !
- Que l’on joue une pièce, un film ou que l’on enregistre ce genre de disque…l’approche est elle la même pour un comédien ?
- Non, cela n’a rien à voir. Il est infiniment plus simple de préparer le rôle d’un lecteur pour un compact disc que de préparer un rôle au cinéma ou au théâtre : on a le texte devant soi et cinq lectures appliquées suffisent en général à voir dans quel esprit on veut le dire…Et j’aime bien quand vous dites qu’on entend que je le prends en pitié aussi, ce pauvre Renart. Beaucoup d’enfants, malgré la télé et l’image, aiment assez écouter. Et je sais qu’écouter fait appel à l’imagination de l’auditeur : c’est lui qui va former l’image du personnage et du décor. D’où le gros impact de la radio et des CD. J’adore le son en fait.
- Et d’où vous vient cette passion pour le sonore ?
- Sans doute de ma génération, des petites villes de France, en des temps reculés ou la télé n’existait pas : les provinces françaises étaient à cette époque complètement déculturées. Nous écoutions, ma mère et moi, dans le noir, les retransmissions théâtrales à la radio depuis Paris. On entendait les acteurs se déplacer sur scène et le plancher du théâtre craquer. Cela faisait rêver les deux provinciaux que nous étions : il n’y avait qu’une tournée d’opérette qui passait le samedi dans notre bonne ville de Dinan, un point c’est tout. La radio est une invention merveilleuse alors que la télévision, ma foi, on aurait peut être pu passer à côté sans que cela soit trop grave…Socialement, c’est tout de même assez grave, non ?
- On remarque une recrudescence des festivals de contes, en Belgique notamment…
- Tant mieux, cela nous donne de l’espoir pour l’avenir. Il y a un certain goût du romanesque – peut être en réaction aux produits télévisuels formatés – qui revient…pourvu que ça dure !
- Revenons au CD. Comment cela se passe-t-il, vous enregistrez ensemble avec les autres acteurs du récit, ou séparément ?
- J’ai enregistré séparément, mais j’aurais préféré assister à l’enregistrement des autres personnages. Nous n’avons pas non plus fait de lecture commune, ce que je regrette un peu.
- Et Don Quichotte en disque, ça vous tenterai ?
- Aah, depuis ma mésaventure « chevaline » avec Terry Gilliam sur le tournage de l’œuvre de Cervantès, je ne veux plus toucher à Don Quichotte.
- Vous avez d’autres projets sonores ?
- Non. Mais je suis toujours partant pour ce genre de choses.
- Quel texte vous tiendrait-il à cœur d’enregistrer ?
- Un livre Allemand de 1938 que je viens de lire, qui s’appelle Le Mur Invisible, une œuvre de Marlen Hausofer traduite et éditée en français chez Actes Sud. Un roman dans lequel je suis entré avec passion. L’histoire en est très simple : une jeune femme se trouve en montagne dans le chalet d’amis qu’elle attend, mais qui n’arrivent pas. Elle va dans le jardin et se cogne contre une muraille invisible qui la sépare d’une catastrophe chimique ou nucléaire qui a pétrifié toute vie. Elle se retrouve seule sur la planète avec un chien, un veau et une vache. Tout le reste est mort. Une mise en garde salutaire contre ce genre d’évènements qui peut se produire si la planète continue ainsi. J’ai pensé faire des lectures de ce roman et peut être un film que je réaliserais moi-même…J’attends la réponse pour les droits d’auteur.
- Et le Roman de Renart vous le connaissiez avant de l’enregistrer ?
- Oh oui, il fait parti du patrimoine scolaire !
- Vous inventez vous-même des histoires pour vos petits enfants ?
- Oh, j’en ai tellement des enfants, de tous les âges et de tout les gabarits. J’aime mieux envoyer à mes enfants et petits enfants des CD parce que , voyez-vous, si je leur raconte en direct cela me donne l’impression de travailler au noir (il rit).
- Et en inventer ?
- Je vais vous décevoir, mais non. J’ai compris que la seule aide que l’on peut apporter aux enfants, c’est de les écouter…c’est peut être parce que pour l’instant j’ai deux filles « en magasin » qui ont respectivement treize et dix ans…C’est l’âge où elles ont envie de se confier à quelqu’un qui les écoute vraiment.
- Là encore vous faites montre d’une grande humilité, car souvent les parents ou les grands parents se disent " je vais lui apprendre la vie moi, à cette petiote ou ce petiot "…
- C’est plutôt de l’autoprotection parce qu’en racontant aux enfants notre expérience de la vie, on risque de surprendre dans leur regard une haine profonde, un désir de nous supprimer le plus vite possible…Donc je m’abstient, je les écoute, de temps en temps je houle du chef dans le vide parce que je n’écoute pas toujours avec la concentration nécessaire…mais mon métier me permet de faire semblant (il rit).
- Vous croyez en l’avenir de ce genre de supports, je veux dire le livre enregistré ?
- Ça marche pas mal, je pense. Et puis, pour l’automobiliste, c’est bien. Vous savez, il y a des gens qui partent pour de longues expéditions et qui s’envoient Proust ou Ghelderode. Je dis Ghelderode parce que je l’ai joué : quand j’étais jeune acteur, il avait la côte, je peux vous dire…
- Avez-vous enregistré des dramatiques semblables pour France Inter ou France Culture ?
- Oh, j’en ai fait énormément ! C’était un bonheur absolu et une expérience très formatrice pour les acteurs. Un moment merveilleux, vraiment ! Et nous, les acteurs de ma génération, les Noiret, Marielle ou Crémer quand nous nous rencontrons, parce qu’on est resté très copains, très vite nous évoquons nos enregistrements radiophoniques, qui étaient un bonheur de tous les instants.
- Et puis vous deviez avoir de fameux fous rires ?
- Ah…certes ! Voulez vous une anecdote ? J’enregistrai pour Europe 1, je devais avoir 23-24 ans, j’enregistrai donc en direct un feuilleton qui s’appelait Hélène et son destin. Il racontait les affres amoureuses d’une hôtesse de l’air…Avec dans le rôle titre une actrice qui s’appelait Gisèle Pascal et qui pleurait à chaque épisode tellement elle croyait à l’histoire. Nous formions une équipe, les amants en fait de chaque escale : il y avait là Pierre Mondy, Michel Piccoli, Maurice Bireau et votre serviteur…un groupe de fameux rigolards ! Pendant une prise en direct, Maurice Bireau rote extrêmement violemment – ce qui, évidemment, m’ébranle – et me dit avec un sérieux immuable : « Fameuse la gueuze ! » J’ai failli me foutre par la fenêtre : vous comprenez, j’ai tellement ri en direct ! Il s’agissait d’histoires tragiques, voyez-vous : la pauvre fille ne baisait plus entre Bangkok et Singapour…il fallait trouver une solution le plus vite possible (il rit) : et l’actrice pleurait réellement, elle y croyait dur comme fer…Fameuse, la gueuze ! Moi : écroulé, broyé, détruit !
- Et refaire ce genre de « dramatique » aujourd’hui avec vos copains justement ?
- Ah…tout de suite ! Mais hélas, le théâtre radiophonique a pratiquement disparu. Il y a bien un feuilleton à 11h sur France Culture dont je suis un auditeur passionné. Mais l’âge d’or de ce genre d’émissions est bel et bien révolu. Une autre anecdote : un soir dans mon garage en rentrant du théâtre – il était une heure du matin – je tombe sur un récit d’épouvante. Une histoire terrifiante ; Je suis resté à écouter dans ma voiture et dans le noir, sans doute pour me rappeler mon enfance avec ma mère : j’ai eu très peur de ce que j’entendais. Il y a, avec le son, une force de persuasion énorme, plus que l’image à mon sens. Et ce n’est qu’au bout de quelques minutes que la voix…c’était moi ! Je ne me rappelais plus avoir enregistré Les aventures du Comte Dracula six mois auparavant.
- Votre mère a semble-t-il exercé une influence capitale dans le choix de votre carrière et votre amour du son ?
- Ma mère était la langueur et le romanesque dans le couple que formaient mes parents. Elle avait dans le regard un air évanescent et lourd de regrets d’une autre vie qu’elle aurait souhaité sans doute plus près de Paris, des choses de l’art. C’est elle qui m’a donné au départ le goût de la lecture et de la radio dont elle était fort friande.
Propos recueillis par Bernard ROISIN – LE JOURNAL DU MEDECIN
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