Restituer en quelques titres la « Quitessence » des plus grands jazzmen n’est assurément pas une mince affaire, mais avec Roy Haynes, les directeurs artistiques de la collection Quintessence ont un peu dû se prendre la tête… Car au fond, combien sont-ils à avoir traversé des courants aussi divers ? Ne serait-ce qu’entre ses débuts avec Lester Young en 1949 (illustrés ici par « Ding Dong » au break de batterie déjà bien personnel) et sa participation à « Outward Bound » d’Eric Dolphy en 1960 (l’année qui clôture cette sélection), Roy Haynes aura déjà contribué à des pans entiers de l’histoire du jazz : swing, bop, free… Pour autant, l’ensemble demeure parfaitement cohérent car son style perce à chaque morceau. De même que l’on reconnaît les pianistes de référence à leurs toutes premières phrases, Haynes se remarque immédiatement par le timbre mat de ses peaux et l’extrême richesse de son jeu de cymbales. A cela s’ajoute une soigneuse gestion des silences, que les plus avertis pourront également identifier. Inutile de préciser que peu de batteurs peuvent s’en targuer. Atypique au point qu’on lui reprocha parfois son absence de swing, Roy Haynes ne cesse en revanche de surprendre. Que ce soit derrière Parker, Powell, Rollins et Monk, avec Sarah Vaughan qu’il accompagna cinq ans, ou à la tête de ses propres trios, cette compilation ne manque jamais de le rappeler.
Par Jonathan GLUSMAN –JAZZMAG JAZZMAN
Par Jonathan GLUSMAN –JAZZMAG JAZZMAN