Tout le sel de ce label quasi unique par Biblionline

"Il y a des « Chabadaba » ou des « Chanson de Lara » qui donnent soit le meilleur, soit le pire. Pour le pire, on a eu Jean-Michel Jarre dépensant les royalties de papa en soupe électro et pour le meilleur Pierre Barouh qui ouvrit grand la porte de son label Saravah aux meilleurs et méconnus talents des années 60 à nos jours. Au lieu de dépenser son argent au bord d‘une piscine, ce baroudeur-défricheur-cultivateur (au sens artistique mais il a des racines campagnardes vendéennes!) a conçu ce projet discographique mais aussi scénique. Il introduit la musique brésilienne en France, puis découvre et couve Higelin comme Canetti fit avec Brel et Brassens. Ces fous chantants à la manière de Trenet que sont Higelin, Areski le railleur, Brigitte Fontaine la zazou (« La citrouille »), font peur à tous sauf à lui. Et le temps lui donnera raison. Justement du temps, il en a. Contrairement aux autres labels productivistes que sont les majors. Higelin en fera la l’expérience lui qui, de Saravah alla à EMI avant de revenir sur Tot ou Tard. Mais Saravah, c’est aussi Jean-Roger Caussimon, merveilleux poète et complice de Ferré, le jeune parolier Allain Leprest, David Mc Neil, Akendengue, l’africain qui ouvre la voix aux sonorités épicées, à la world; Bia et Oscar Castro, les nouveaux brésiliens, Aram Sédèfian talentueux méconnu, Pierre Louki, la vibrante piafiante Françoise Kucheida, Véronique Balmont, le punk Fred Poulet (J’attendrai »)…Au détour, on croise la jeunette Maurane déjà toute en swing et en syncope latine, Françoise Hardy voulant sortir de l’ornière yéyé ( ce qu’elle a pu enfin faire pour notre plus grand bonheur), Philippe Léotard, poète flambé et son reggae gainsbourien «Ch’te play plus », Carole Laure, la québécoise qui avec son compagnon Lewis Furey fera plus tard des merveilles déjà là avec sa « Valse » bancale. Tout ce monde se brasse, project et joue ensemble sous le regard bienveillant et paternel de Barouh. Les artistes, ils les aiment VRAIMENT. Cela fait tout le sel de ce label quasi unique ( allez ! bravo à Tot ou Tard aussi). Et bien sur, Barouh lui-meme. Sensuel ( De l’amour à l’amour ») ; nostalgique («Le temps d’une vie »); latino («Rien que de l’eau »).
Cette compil’ est une sacrée promenade, genre GR Corse, plein de surprises, de précipices et de collines en pente douce, d’odeurs capiteuses et de rencontres étranges."
par ALBI BOP - BIBLIONLINE