« Où va le jazz ? Dans toutes les directions. D’aucuns y voient un signe de vitalité. Certains sont plus réservés. Cette dispersion les inquiète. A chacun de trancher selon les critères qu’il place au premier plan, la liberté d’une musique qui ne connaîtrait pas de frontières, ou le respect d’un minimum de codes, garant de sa spécificité. Les premiers arguent que le jazz a toujours connu, depuis ses origines, la tentation de la fusion. Ce qui n’est pas faux, si ’on songe qu’il a surgi du melting pot de La Nouvelle-Orléans avant d’essaimer de par le monde. Les seconds soutiennent à l’inverse que, s’il est vrai qu’il a assimilé, au cours des ans, bien des influences, le risque de dilution dans une world music uniforme et sans saveur n’a jamais comme aujourd’hui hypothéqué son identité. On se gardera de trancher. Constatons seulement que la palette est large entre la perpétuation d’un classicisme qu’on aurait mauvaise grâce à confondre avec un psittacisme revivaliste, et une musique qui s’exonère de toute règle formelle, lorgnant de plus en plus vers les folklores les plus divers ou les improvisations libres des compositeurs actuels. Entre ces conceptions éloignées, sinon extrêmes, coexistent maintes formes auxquelles, faute de mieux, on persistera à attribuer l’appellation de jazz. Quelques productions de ces derniers mois témoignent de cette diversité. On se bornera aujourd’hui à de fructueuses plongées dans le passé. Tout d’abord, il n’est que justice de signaler des rééditions tout à fait dignes d’intérêt. Celles, entre autres, que le label Frémeaux & Associés dispense avec persévérance. Elles font le bonheur de ceux qui persistent à voir dans le disque un vecteur privilégié de transmission, en dépit de l’essor des sites proliférant sur le Net.
(…) C’est au même Tercinet que l’on doit l’édition d’un coffret intitulé « Premier chapitre, 1954-1961 » et consacré à l’œuvre du saxophoniste français Barney Wilen. Disciple de Lester Young, remarquable par la fluidité et la légèreté de son jeu, ce dernier est, évidemment, loin d’avoir l’envergure d’un Parker – encore qu’il connût, à la fin des années 50, son heure de notoriété. Y contribua largement sa participation, avec Miles Davis, à la musique du film de Louis Malle Ascenseur pour l’échafaud, ou encore sa contribution à Un témoin dans la ville, d’Edouard Molinaro, et aux Liaisons dangereuses 1960, de Roger Vadim, avec les Jazz Messengers. Autre titre de gloire, sa collaboration avec Bud Powell et sa fréquentation, fût-elle épisodique, aux enregistrements de musiciens américains, en particulier John Lewis et le Modern Jazz Quartet. De quoi nourrir trois CD à la valeur incontestable de témoignage. Eclairés, ici encore, par un copieux livret relatant les circonstances de chaque enregistrement, nourri d’anecdotes, d’analyses et de témoignages. »
Par Jacques ABOUCAYA – LE SALON LITTERAIRE
(…) C’est au même Tercinet que l’on doit l’édition d’un coffret intitulé « Premier chapitre, 1954-1961 » et consacré à l’œuvre du saxophoniste français Barney Wilen. Disciple de Lester Young, remarquable par la fluidité et la légèreté de son jeu, ce dernier est, évidemment, loin d’avoir l’envergure d’un Parker – encore qu’il connût, à la fin des années 50, son heure de notoriété. Y contribua largement sa participation, avec Miles Davis, à la musique du film de Louis Malle Ascenseur pour l’échafaud, ou encore sa contribution à Un témoin dans la ville, d’Edouard Molinaro, et aux Liaisons dangereuses 1960, de Roger Vadim, avec les Jazz Messengers. Autre titre de gloire, sa collaboration avec Bud Powell et sa fréquentation, fût-elle épisodique, aux enregistrements de musiciens américains, en particulier John Lewis et le Modern Jazz Quartet. De quoi nourrir trois CD à la valeur incontestable de témoignage. Eclairés, ici encore, par un copieux livret relatant les circonstances de chaque enregistrement, nourri d’anecdotes, d’analyses et de témoignages. »
Par Jacques ABOUCAYA – LE SALON LITTERAIRE