Il n’y a pas que derrière sa batterie qu’André Ceccarelli excelle. C’est aussi le champion des participations à des groupes cultes dont les 33-tours collectors s’arrachent au prix fort. Peu à peu, certains retrouvent une seconde vie en CD. Ainsi, en 2011, Vadim Music exhumait l’unique album de CCPP (« Ceccarelli Chantereau Padovan Pezin », 1975). Croisons les doigts pour qu’un autre label indépendant extirpe des limbes les deux Bad News Travel Fast, souvenirs du rêve américain de « Dédé » parus en 1978 et en 1979 sur le label Casablanca (avec la participation de Michael Brecker). N’oublions pas non plus son premier opus personnel et éponyme de 1977, aussi introuvable en vinyle qu’en Cd, et sur lequel on retrouvait la majeure partie des musiciens qui, cinq ans plus tôt, s’étaient réunis au légendaire Château d’Hérouville pour mettre en boîte ce disque de Troc, produit par Yves Chamberland et paru à l’origine sur label CY Records. Le truc de Troc, c’était l’échange de bon procédés : je te donne mon savoir jazz, tu me prêtes ta culture rock, tes amours soul, et on mélange tout ! C’était dans l’air du temps, et rares sont les groupes français à avoir excellé dans l’exercice. Ces maîtres de la « french touch », héros de studios s’il en est, avaient eu la bonne idée de faire appel à Alex Ligertwood, le chanteur-bourlingueur écossais le plus soulful de la création avec Alan Gorrie et Hamish Stuart (de l’Average White Band), qui laissera par la suite sa belle empreinte vocale sur des albums de Brian Auger, Santana et David Sancious. Résultat : un jazz électrique-éclectique d’une grande liberté, point trop daté car volontiers funky, marqué par des stries de guitare à la McLaughlin et étoffé par le Fender Rhodes chatoyant d’Henri Giordano. Pas toujours facile de s’y retrouver dans ces compositions baroques, mais le son d’ensemble reflète toute une époque, toute la chaleur analogique et organique d’une musique totalement décomplexée. Un album attachant, qui aurait mérité un livret plus étoffé et une présentation plus aguichante. Estimons-nous heureux malgré tout qu’il refasse enfin surface, autrement que sous forme de fichiers mp3 de contrebande « rippés » sur des 33-tours rayés.
Par Frédéric GOATY – JAZZ MAGAZINE - JAZZMAN
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