« C'est un album qui aurait pu facilement passer inaperçu si quelques acharnés de la cause ne montaient régulièrement au créneau pour défendre le talent de Patrick Favre. Et ils ont raison les bougres ! Il faut parler de Patrick Favre et il faut parler de ce superbe album, « Origines » dont on ne finit pas dé découvrir les subtilités et les richesses écoute après écoute. Car le pianiste a fait ici un gros travail sur à peu près tous les compartiments de la musique, qu'il s'agisse des compositions, des arrangements, de l'espace donné aux solistes ( au premier rang desquels Pierre Perchaud fait sensation *) et enfin de la direction artistique. Tout est ici convoqué pour en faire un album juste beau. Il y a de la vie dans ces « Origines », comme dans ce Bigibop aux chacras grands ouverts comme au premier matin du monde. Ici tout n'est que luxe calme et volupté pourrait t-on dire à l'écoute de cet album qui exhale des parfums harmoniques d'une rare poésie. Avec un sens du son et des textures sonores Patrick Favre crée là un album qui s'écoute comme on respire, brassant large l'air frais des grands espaces. Pas un album anecdotique. Un album essentiel du genre de celui que vous classez dans vos favoris et qui se réécoutent avec le même plaisir et surtout se redécouvre à chaque fois. Il y a chez Patrick Favre un sens du jouage qui s'appuie sur un réel collectif. Pensez ! L'association de Gildas Boclé, de Karl Januska et de Pierre Perchaud est en soit un casting de rêve et le gage d'une réelle cohésion tant ce quartet-là respire la musicalité.Un brin nostalgique ou reveur parfois comme sur tourne Solaux couleurs plus sombres qui s'appuie sur des ostinatos forts sur lesquels la tribu avance en éclaireur avant que Pierre Perchaud avec le bleuté de ses notes, économe et évanescent ne nous enveloppe dans quelques nappes Metheniennes. C'est alors sur un titre comme celui-ci que l'on entend toute la mécanique rythmique qui se met en branle avec une efficacité redoutable (mais combien sont-ils ?). Une sorte de tribu ancestrale pour un rite primitif. »
Par Jean-Marc GELIN – LES DERNIERES NOUVELLES DU JAZZ
Par Jean-Marc GELIN – LES DERNIERES NOUVELLES DU JAZZ