C’est un artiste hors normes, l’un des rares clarinettistes chanteurs de jazz. Sa maison de production, Frémeaux et associés, a la bonne idée de sortir un CD comportant le tube de Marcel Zanini, le célèbre Tu veux ou tu veux pas ?, ainsi que ses onze chansons préférées, chacune évoquant une période heureuse de sa vie. Des bonheurs qu’il doit au jazz, à sa femme Suzanne, à son fils Alain, écrivain et bassiste, et aussi aux copains. Car dans le show-biz, Zanini tout le monde l’adore, d’Aznavour à Brigitte Bardot. Et personne n’a oublié sa dégaine et sa silhouette croquées par son ami Siné : son bob anglais, que Sean Connery lui a volé pour incarner le père d’Indiana Jones, sa moustache et son costume de tweed. À 87 ans, même si sa vue baisse, il joue toujours avec la même virtuosité de la clarinette et du saxophone ténor. Nous avons retrouvé cet enfant du jazz à Paris, au Petit journal Saint-Michel, son repaire : « J’ai eu mon premier orchestre en 1946 à Marseille. Je me produis ici depuis trente ans, un mardi par mois avec mes musiciens. Notamment Pierre Maingourd à la contrebasse, Patrick Bacqueville au trombone (membre du groupe Pink Turtle), que vous avez vus avec moi le 11 novembre sur France 3 dans l’émission présentée par Olivier Minne Toutes les idoles que j’aime. Ce soir, je suis aussi accompagné par Patrick Authin au piano, Michel Denis à la batterie, et Alain, mon fils, à la basse. » Alain, qui accompagne son père pour le plaisir, est plus connu sous son nom de peintre et d’écrivain, Marc- Édouard Nabe. Il a d’ailleurs failli emporter le prix Renaudot 2010 pour son livre L’homme qui arrêta d’écrire (vendu sur internet). Dans la salle, ce soir-là, se trouvait un grand ami de Marcel, le cinéaste Pierre Étaix, accompagné de sa femme Odile, chanteuse de jazz qui a joint sa voix à celle de Marcel. « Dans votre article, parlez de jazz. Il n’y a que ça qui m’intéresse ! » Et pourtant, c’est comme chanteur qu’il est devenu célèbre, en 1969, avec Tu veux ou tu veux pas ? Une seconde carrière débutée à son retour de New York, en 1958, où, pendant quatre ans, il avait fréquenté les géants du jazz, comme Count Basie, Dizzy Gillepsie et Thelonius Monk.« Henri Salvador m’avait proposé de chanter, sur des paroles de Boris Vian. C’était en 1959. Ça ne s’est pas fait parce que Boris est mort. J’ai fait la saison avec mon orchestre dans les stations de sports d’hiver, et, un soir, j’ai remplacé le chanteur pour interpréter Georgia. C’était parti ! Plus tard, en 1962, j’ai rencontré Barclay dans la rue. Notre premier 45 tours, nous l’avons enregistré en deux heures au studio de l’avenue Hoche ! », Tu veux ou tu veux pas ?, sorti en 1969, se vend à plus d’un million d’exemplaires. C’est le triomphe ! Sacha Distel lui consacre même un Sacha Show où il est accompagné à la batterie par Claude François et à la guitare par Sacha lui-même ! Quant à son autre tube Rallebol, il avait, à l’époque, séduit un fan inattendu : « J’ai rencontré Michel Droit dans la rue en 1969. Il m’a rapporté que le général de Gaulle lui avait dit : « Je suis comme Zanini, j’en ai ras-le-bol, mon cher Michel ! ».
Par Dominique PREHU – FRANCE DIMANCHE
Par Dominique PREHU – FRANCE DIMANCHE