« Pastiche et jazz font bon ménage chez Robeurt Féneck, étrange bonhomme qui revisite le swing à sa manière en jouant, impavide, le décalage permanent dans son opus Et Le "Mad in Swing" big band". Un cocktail doucement euphorisant. S’attaquer sur le monde bossa à un tube aussi connu que Born to be alive n’est pas de la tarte. Mais que dire d’une reprise d’Alexandrie Alexandra, cher à Claude François avec un texte qui ironise sur le petit monde de Neuilly ? Robeurt Féneck ne fait rien comme tout le monde et le prouve avec un disque aussi improbable qu’inclassable. Suite logique et amplifiée de son Mad in Swing, sorti il y a un an. Avec un sens de la cérémonie à la Cab Calloway, une dérision -mais plus légère- dans la lignée d’Henri Salvador, Robeurt Féneck promène son look étonnant sur les ondes, accompagné par un orchestre qui a le swing dans le tempo. Pour s’en convaincre, il suffit de découvrir leur interprétation de Sing sing sing, de Louis Prima. Et quand il promène des paroles improbables dans une langue étrange sur Love letter, il nous embarque sans souci entre deux solos de cuivres. Dandy séducteur et adepte d’un pantacourt dont il fait un usage immodéré, ce Robeurt Féneck est un homme qui semble perdu dans son époque, comme échappé des années 30 et déboulant dans l’époque techno sans y perdre son swing. De quoi réveiller les neurones assoupies par des années de chansons molles, de confessions personnelles sur les petits riens de la vie et débitées sur un ton monocorde. Rien que pour sa chanson mutine et ludique de Les Nuits d’un Damoiseau, où il est question de DSK comme de Pierre Perret, et que ne renierait pas une Colette Renard, cet opus vaut le détour. Et puis, un homme qui "le jour, dort tout simplement" ne peut pas fondamentalement être mauvais, non ? »
Par François CARDINALI
Par François CARDINALI