« Ce triple album est avant tout un document exceptionnel. Le premier CD est divisé en deux parties : tout d’abord les chansons de Boris Vian chantées par lui. Des chansons avec un ton différent, une forme nouvelle d’humour, un antimilitarisme forcené et un goût avide de la liberté.
Boris Vian vit au milieu de la jeunesse, plus ou moins dorée, du Quartier latin, entre zazous et existentialistes. Cette génération qui a eu vingt ans en 1940 (« drôle de cadeau d’anniversaire », dira-t-il) et qui a subi la guerre sans la faire, veut vivre avant tout. Pour ceux qui n’ont jamais entendu chanter Boris Vian, disons-le tout net, il existe de meilleurs chanteurs, mais le document vaut par la qualité des onze chansons. On ne compte pas celle qu’il chante sous le nom de Fredo Minablo et sa pizza musicale, pochade pour se moquer de « Bambino », la scie de l’époque. La seconde partie du CD est consacrée à Boris Vian, inventeur du rock n’ roll français, avec les enregistrements historiques que réalisèrent Henri Salvador, sous le pseudo d’Henry Cording, (inénarrables «Rock n’ roll mops ou « Rock hoquet », accompagnés au piano par Michel Legrand) et la délicieuse chanteuse Magali Noël et son rock sado-maso « Fais-moi mal, Johnny » qui reste une perle, cinquante-six ans après. On voit à quel point un bon chanteur ou une bonne chanteuse pouvaient orienter le rock, avec un auteur tel que Boris Vian, vers d’autres horizons. Le rock comique à la française nous aurait sans doute évité bien des travers nunuches du yé-yé.
Le deuxième CD est un catalogue de « saucissons », comme on disait, de « tubes » comme Boris Vian les a appelés et comme on dit aujourd’hui. Pourquoi « tubes » ? - Parce qu’un tube est creux, ajoutait-il très lucidement. Le succès comme auteur de chansons déborda Boris Vian. Ses finances étant proches de zéro et le « tube » de rock étant assez rentable, il en composa à la chaîne et cela donne un florilège assez croquignolet, avec des nanars considérables, chantés par des artistes qui faisaient ce qu’ils pouvaient (les chanteuses Peb Rock, Elise Vallée, Simone Alma, les chanteurs Rock Failair, Danyel Gérard (vous avez remarqué le « y » pour faire chic), Didier Lapeyrère, Gabriel Dalar, Zack Matalon, Roland Gerbeau, Juan Catalano, Stephen Bruce et même Moustache et ses moustachus. Le recours à la cheville de choc, aux jeux de mots pas toujours laids ne parviennent pas à oblitérer le style, le clin d’œil complice, le j’m’en foutisme bon teint et la vitalité de Boris Vian.
Le troisième CD, lui, reprend des chansons écrites par Boris Vian et chantées par de vrais grands chanteurs : Henri Salvador, Mouloudji, Renée Lebas, Suzy Delair, les frères Jacques, Juliette Gréco, Jacqueline François ou les Quatre barbus. Et par d’autres moins connus : Rose Mania, Lona Rita, Jean-Louis Tristan, les Garçons de la rue dans un désopilant « Tango poivrot », Louis Massis, Pierre Brun avec une Marche turque de Mozart « arrangée » en cha-cha-cha (l’excuse étant : Mozart ne méritait pas ça, mais faut bien vivre). A noter « Je chasse » par une excellente Elise Vallée. Le pompon va incontestablement au « Tango interminable des perceurs de coffres-forts » par les frères Jacques, qui est un monument de drôlerie. Au total, des documents rarissimes sur un auteur prolixe dont le talent n’est plus à louer. On attend avec impatience la suite, car, pour le moment, on a repéré plus de cinq cents chansons de Boris Vian, paraît-il. Y’a du pain sur la planche. »
Par Michel BEDIN – ON MAG
Boris Vian vit au milieu de la jeunesse, plus ou moins dorée, du Quartier latin, entre zazous et existentialistes. Cette génération qui a eu vingt ans en 1940 (« drôle de cadeau d’anniversaire », dira-t-il) et qui a subi la guerre sans la faire, veut vivre avant tout. Pour ceux qui n’ont jamais entendu chanter Boris Vian, disons-le tout net, il existe de meilleurs chanteurs, mais le document vaut par la qualité des onze chansons. On ne compte pas celle qu’il chante sous le nom de Fredo Minablo et sa pizza musicale, pochade pour se moquer de « Bambino », la scie de l’époque. La seconde partie du CD est consacrée à Boris Vian, inventeur du rock n’ roll français, avec les enregistrements historiques que réalisèrent Henri Salvador, sous le pseudo d’Henry Cording, (inénarrables «Rock n’ roll mops ou « Rock hoquet », accompagnés au piano par Michel Legrand) et la délicieuse chanteuse Magali Noël et son rock sado-maso « Fais-moi mal, Johnny » qui reste une perle, cinquante-six ans après. On voit à quel point un bon chanteur ou une bonne chanteuse pouvaient orienter le rock, avec un auteur tel que Boris Vian, vers d’autres horizons. Le rock comique à la française nous aurait sans doute évité bien des travers nunuches du yé-yé.
Le deuxième CD est un catalogue de « saucissons », comme on disait, de « tubes » comme Boris Vian les a appelés et comme on dit aujourd’hui. Pourquoi « tubes » ? - Parce qu’un tube est creux, ajoutait-il très lucidement. Le succès comme auteur de chansons déborda Boris Vian. Ses finances étant proches de zéro et le « tube » de rock étant assez rentable, il en composa à la chaîne et cela donne un florilège assez croquignolet, avec des nanars considérables, chantés par des artistes qui faisaient ce qu’ils pouvaient (les chanteuses Peb Rock, Elise Vallée, Simone Alma, les chanteurs Rock Failair, Danyel Gérard (vous avez remarqué le « y » pour faire chic), Didier Lapeyrère, Gabriel Dalar, Zack Matalon, Roland Gerbeau, Juan Catalano, Stephen Bruce et même Moustache et ses moustachus. Le recours à la cheville de choc, aux jeux de mots pas toujours laids ne parviennent pas à oblitérer le style, le clin d’œil complice, le j’m’en foutisme bon teint et la vitalité de Boris Vian.
Le troisième CD, lui, reprend des chansons écrites par Boris Vian et chantées par de vrais grands chanteurs : Henri Salvador, Mouloudji, Renée Lebas, Suzy Delair, les frères Jacques, Juliette Gréco, Jacqueline François ou les Quatre barbus. Et par d’autres moins connus : Rose Mania, Lona Rita, Jean-Louis Tristan, les Garçons de la rue dans un désopilant « Tango poivrot », Louis Massis, Pierre Brun avec une Marche turque de Mozart « arrangée » en cha-cha-cha (l’excuse étant : Mozart ne méritait pas ça, mais faut bien vivre). A noter « Je chasse » par une excellente Elise Vallée. Le pompon va incontestablement au « Tango interminable des perceurs de coffres-forts » par les frères Jacques, qui est un monument de drôlerie. Au total, des documents rarissimes sur un auteur prolixe dont le talent n’est plus à louer. On attend avec impatience la suite, car, pour le moment, on a repéré plus de cinq cents chansons de Boris Vian, paraît-il. Y’a du pain sur la planche. »
Par Michel BEDIN – ON MAG