L’occasion de redécouvrir un groupe dont on ne parle plus beaucoup aujourd’hui bien qu’il fut remarquable à plus d’un titre. Crée au début des années 50, le MJQ trouva rapidement son effectif définitif, soit une stabilité de quarante ans, exceptionnelle dans l’histoire d’une musique où le personnel des formations changea souvent au gré du succès, des orientations musicales ou les disponibilités des musiciens. Le pianiste John Lewis en assura vite la direction et définit très tôt le « son » de l’orchestre en inventant une sorte de « jazz de chambre » aux antipodes du hard bop naissant. Le succès ne se fit pas attendre et ces enregistrements de trois concerts donnés à l’Olympia en 1960 et 61 montrent un orchestre en pleine maturité qui ne sacrifie pas l’invention sur l’autel de l’efficacité. Des standards revisités, bien sûr, mais aussi des compositions du pianiste qui, à côté de pièces déjà connues à l’époque (« Django » ou plusieurs morceaux de la musique qu’il avait écrite pour le film de Roger Vadim « Sait-on jamais… »), présente des titres alors inédits qui témoignent de son talent de mélodiste. Et, aussi, le « Lonely Woman» d’un Ornette Coleman dont John Lewis fut l’un des premiers défenseurs. Entre le son cristallin du vibraphone de Milt Jackson, l’élégance du jeu de piano et la rythmique aussi swingante que légère du duo Percy Heath / Connie Kay, voilà trois heures et demie de musique qui ré-enchantent nos oreilles parfois saturées.
Par Philippe VINCENT - JAZZ MAG
Par Philippe VINCENT - JAZZ MAG