« Avec son nouvel album, Remembering Song, le grand clarinettiste de jazz Evan Christopher fait très fort en nous remémorant, à nous, la ville et l’esprit de New Orleans, sans jouer du new orleans. Sa clarinette, sinueuse et serpentine, nous rappelle un autre grand de la clarinette, Sidney Béchet, mais sans le copier. Après un prélude très louisianais à la clarinette, puis plus tard un interlude à la guitare et à la contrebasse par respectivement Bucky Pizzarelli (g) et Greg Cohen (b), il nous offrira la version complète de ce titre éponyme, accompagné également par James Chirillo (g). Pas de batterie mais quel rythme, quel swing, dans ce disque pour un hommage à cette ville martyrisée par l’ouragan Katrina et par les coupables négligences de l’administration Bush. Une ville marquée à jamais et qui ne s’en remettra jamais, divisée comme elle l’est désormais entre ceux qui ont profité de la catastrophe et ceux qui ne savent vers où se tourner. Pour décrire cette ville à vau l’eau, Evan Christopher a eu l’excellente idée de prendre des airs de cette époque où le jazz est né, précisément, chez des gens qui ne savaient vers où se tourner et qui demandaient des réponses à la musique. Un morceau, peu connu, de ce vieux voyou de Jelly Roll Morton (« My Home Is in a Southern Town »), deux chansons des grands créateurs que furent le parolier Henry Creamer et le compositeur Turner Layton, ceux qui écrivirent « After You’ve Gone », et un air du trompettiste Tommy Ladnier, « Mojo Blues ». Plus des compositions personnelles qui s’inscrivent bien dans ce portrait de ville dévastée et qui ne sait où diriger ses regards. Un jazz intime, fraternel, compatissant, une manière d’aller à La Nouvelle Orléans et de se souvenir avec elle. »
Par Michel BEDIN – ON MAG
Par Michel BEDIN – ON MAG