« Un jazz vivant et festif, avec un jeu mature » par Jazz Magazine

Le hasard – ou le destin – a voulu que Francis Lockwood termine l’enregistrement de son nouvel album la veille du décès de son frère Didier. Rien d’étonnant donc à ce que « Minton’s Blues » soit dédié au violoniste disparu. Et ce, même si la musique pratiquée aujourd’hui par le pianiste n’a plus grand-chose à voir avec le Jazz-rock fougueux et aventureux que les « frangins » exploraient à grands renforts d’électricité à leurs débuts, dans les années 1970. De fait, Francis est revenu à un jazz plus « mainstream », clairement enraciné dans la tradition. Mais sans perdre pour autant son énergie ni son imagination. Surtout quand il est, comme ici, propulsé par une rythmique bouillonnante et stimulé par un Baptiste Herbin en pleine forme – pour ne pas dire incandescent ! A défaut d’innover, Lockwood prend un plaisir évident à développer ses compositions sur des charbons ardents, en exploitant toute sa palette pour libérer son énergie et son inspiration. Passant allégrement du « hard bop » au « soul jazz », du thème endiablé à la ballade, il s’inscrit dans un jazz vivant et festif, avec un jeu mature, toujours précis et généreux. La tradition, oui, mais dans la joie partagée.
Par Félix MARCIANO – JAZZ MAGAZINE