« Attendez un peu avant de regretter le fait que je vous parle de chanson et vous présente un triple CD. Regardez la photo qui illustre la jaquette. En accord avec l’information qui ajoute Raymond Queneau et Paul Braffort vous pouvez y reconnaitre en costume et cravate un monsieur à lunettes et les Frères Jacques sur la plate-forme d’un autobus parisien. L’individu en costume c’est Raymond Queneau. Vous retrouverez dans le CD n°2 un extrait des célèbres « Exercices de Style » de Raymond Queneau. Dans le CD n°1 outre la célèbre « Si tu t’imagines » en plusieurs versions dont deux de Juliette Greco on découvrira que Guy Béart a composé au moins deux musiques sur des poèmes de Queneau, que le chorégraphe Roland Petit a chanté et composé une musique et peut-être plus surprenant que Johnny Hallyday a écrit la musique de « Je te tuerai d’amour », poème de Raymond Queneau que chantait Zizi Jeanmaire en 1962. Si vous vous souvenez de « Si tu t’imagines », vous savez que le sens de ce texte n’a pas pris une ride… même si son épicurisme réjouissant nous renvoie à Ronsard. Dans le CD n°2, 22 textes extraits des Exercices de Style. Il s’agit vous le savez sans doute d’une situation initiale (intitulée Récit et présentée ici par Yves Robert) reprise dans des modes de présentation différents. L’exercice est littéraire et ici théâtral. On retiendra particulièrement les versions : Réactionnaire, Italianismes, Paysan, Mathématiques et Javanais mais toutes relèvent du petit bijou. Enfin et c’est présenté comme des Bonus : Jacques Fabbri dit Raymond Queneau. Une remarquable suite de jonglage avec les mots que nos modernes slameurs et rappeurs pourraient écouter avec profit (j’ai retenu « Averse » et « Bon dieu d’bon dieu »). Le troisième et dernier CD propose les chansons écrites et enregistrées par Paul Braffort dont je suppose qu’il est inconnu et méconnu de beaucoup d’entre nous. Il était en 1958, au moment des enregistrements, ingénieur atomiste et passait en cabaret (le livret qui accompagne les CDs et explique ce qui est à expliquer montre une affiche des « 3 baudets » – le lieu de Jacques Canetti – où il est en compagnie de Mouloudji, Jacques Brel, Catherine Sauvage et Darry Cowl)… On notera qu’une de ses chansons a été interprétée par François Deguelt… Pour ce qui est de l’OULIPO, sachez que c’est une des créations de Raymond Queneau et que cela se traduit par Ouvroir de Littérature Potentielle et que l’on pourrait résumer par « l’écriture contrainte ». En effet, ceux qui en participent se fixent des contraintes à respecter pour écrire. Un exemple célèbre est « La disparition », le roman de Georges Pérec (consacré à l’affaire Ben Barka), et qui est écrit sans utiliser la lettre E…. Bonnes écoute et lecture. Un joli cadeau pour ceux qui étaient jeunes aux alentours des années 50. »
Par Noé GAILLARD – DAILY BOOKS
Par Noé GAILLARD – DAILY BOOKS