« Dans l’histoire du Black Gospel d’après la 2è Guerre Mondiale, Roberta Martin fait figure d’icone incontournable. Pianiste, chanteuse, compositrice, pédagogue (école de musique), leader, chef de chorale, femme d’affaires (dans les éditions musicales), elle excellait dans toutes ces fonctions et son legs musical est inégalé. Or, curieusement, aucun programme de réédition ne s’était occupé d’elle et de ses groupes à ce jour. Il a fallu attendre 2019 pour que cette lacune soit comblée, grâce à la détermination sans faille de Jean Buzelin, à l’aide du grand spécialiste Robert Marovich (qui a contribué avec deux faces que personne n’avait jamais entendues) et à l’empathie de la compagnie Frémeaux et Associés. Un coffret de trois albums et un livret de 28 pages dense et bien documenté sont là pour répondre à une longue attente. Chaque album couvre une période bien déterminée. Pour le CD1, c’est 1947 à 1952, avec les quatre premiers enregistrements pour Fidelity et Religious Recording et quatre autres pour Martins Studio (dont deux fournis par R. Marovich), une compagnie éphémère fondée par Martin elle-même, le tout gravé à Chicago. Les seize autres faces ont été enregistrées à New York dans les studios Apollo. (…) Les Roberta Martin Singers furent fondés en 1935 et leur succès alla en grandissant jusqu’aux premier enregistrements, puis ce fut la gloire. Entre temps, en 1939, Roberta Martin avait fondé sa propre maison d’édition musicale, le Roberta Martin Studio of Music et une première chanteuse, Bessie Folk, était venue rejoindre les chanteurs, suivie peu après par Delois Barrett, une soprano extraordinaire de dix-sept ans ; c’était le premier groupe mixte de l’histoire du Gospel. Pendant la période Apollo, d’autres chanteuses se joindront au groupe, comme Lucy Smith-Collier, Myrtle Scott et Myrtle Jackcon. C’est tout ce beau monde qui dynamise ce premier CD avec Roberta Martin elle-même (He Knows How Much You Can Bear, What A Friend We Have In Jesus), Delois Barrett (Yield Not To Temptation, Oh Say So), Eugene Smith (Satisifed, I’m Sealed, Oh Lord Stand By Me,…), N. McKissick (Precious Memories, The Old Ship Of Zion), Bessie Folk (Only A Look, Tell Jesus All), etc. En ce qui concerne le CD2 (1953-1958), les douze premières faces sont toujours de la période Apollo avec les mêmes exploits vocaux que ceux décrits ci-avant et les treize suivantes marquent les débuts de la période Savoy Records avec enregistrements à New York et l’arrivée de nouvelles chanteuses et des départs : Gloria Griffin apporte son talent au groupe (Nobody Knows avec Lucy Smith à l’orgue, Certainly Lord, God Specializes), tandis que Delois Barrett continue à enchanter ses auditeurs (Teach Me Lord avec Lucy Smith à l’orgue, Have You Found A Friend, Come Into My Heart, He’ll Make You Happy, Back To The Fold), de même que Roberta (I’m Gonna Praise His Name, Sinner Man Where You Gonna Run To ?, Ride On King Jesus), Eugene Smith (Walk In Jerusalem avec Lucy Smith à l’orgue, Marchuing To Zion, Shine Heavenly Light), McKissick (He’s Using Me en duo avec Eugene Smith, Since I Met Jesus), Lucy Smith à l’orgue (Every Now And Then), etc. Enfin le CD3 (1959-1962) puise lui aussi dans le catalogue Savoy avec les mêmes chanteurs/chanteuses et avec le même plaisir d’écoute, un plaisir sans cesse relancé de plage en plage. Un must ! »
Par Robert SACRE – ABS MAGAZINE
Par Robert SACRE – ABS MAGAZINE