« Un pur délice » par Le jars jase jazz

« Après " Herbst " voici le deuxième album de Marc Benham, de nouveau seul face au piano. Le manchot est de retour sur la pochette. Un animal fétiche forcément satirique tant l'artiste n'est pas manchot, justement. Formé au classique, fan de stride, né dans les années Disco, Marc Benham fait le pont entre Tin Pan Alley et les mangas. Il s'empare ici d'un génie cosmicomique du Jazz, le pianiste et compositeur Theodore Fats Waller. Contrairement à Jason Moran qui, à partir du même sujet, produisit un pudding indigeste à base de sirop de synthétiseur et de nappes de voix sucrées, Marc Benham nous offre un Saint Honoré fondant et croquant, un pur délice fait maison. Que les compositions soient de Fats Waller ou de lui même, Marc Benham fait chanter le piano, nous raconte des histoires joyeuses ou tristes mais toujours légères, d'un rythme impair sur lequel rien ne pèse ni ne pose. Pour un hommage aussi respectueux à la tradition mais sans copie, rien de tel que les éditions Frémeaux et associés, la librairie sonore, spécialisées dans les éditions soignées, l'équivalent en France pour la musique de la collection Pléiade chez Gallimard pour la littérature. Le titre de l'album " Fats food " comme le manchot sur la pochette révèle chez Marc Benham un sens de l'autodérision hérité d'un de ses Maitres au piano, Martial Solal. Pour résumer les influences de Marc Benham et ce qu'il en produit, écoutez sa petite fantaisie baroque " Les barricades mystérieuses " (n°12) où François Couperin , Maître du baroque français se retrouve transporté au rythme du boogie woogie. Après un concert et deux albums en piano solo, j'ai hâte de découvrir Marc Benham en leader de formation. A lui de jouer. Lectrices exigeantes, lecteurs insatiables, j'ai le regret de vous annoncer que je n'ai trouvé aucun extrait audio ou vidéo de l'album " Fats food " de Marc Benham pour illustrer cet article. A vous de l'écouter et d'en faire vos grandes délices. »
Par Guillaume LAGREE – LE JARS JARSE JAZZ