Michel Warlop régna sur le violon jazz dix années durant … à l’ombre de Stéphane Grappelli qui portait sa couronne. Au risque d’être accusé de blasphème, il m’a toujours semblé que le véritable règne du gracieux Stéphane Grappelli ne commençait qu’après guerre, un règne sans autre royaume que la modernité intemporelle de son art parvenu à une maturation qui ne cessa d’embellir. Auparavant, le grand violoniste de jazz, à mon sens, c’est Michel Warlop dont le timbre et le phrasé voraces se combinent à un lyrisme ouvragé, évoquant le rococo fauve des grands ténors Coleman Hawkins et Chu Berry. A quoi s’ajoute son talent de chef d’orchestre et arrangeur qui mit souvent son violon en sourdine. Daniel Nevers qui signe cette « Quintessence » a retenu de son œuvre orchestrale ou de ses séances de variétés (Grégoire et ses Grégoriens, André Claveau, Jean Tranchant, les Chanterelles) ce qui met le mieux son violon en valeur. Il n’oublie pas de nous faire entendre son Swing Concerto interprété par l’Orchestre symphonique de jazz de Paris. Mais c’est bien sûr le célèbre septuor à cordes qui a la faveur de sa sélection pour douze titres (dont le fameux Tempête sur les cordes). À cordes ou pas, Warlop avait de toute façon la fibre orchestrale dont témoigne son debussiste Modernistic. Il croisa Django et l’on peut regretter que ne subsistent ici que Taj Mahal et (avec Grappelli au piano) Sweet Sue, mais non Christmas Swing. La règle de la collection Quintessence est d’éviter les doublons et l’on ira chercher ce chef d’œuvre dans « Django Reinhardt, vol 2, 1935-1947 »
Par Franck BERGEROT – JAZZMAG - JAZZMAN
Par Franck BERGEROT – JAZZMAG - JAZZMAN