Un savoureux recueil réunit les Moncorgé, chanteurs et comédiens de père en fils. Ferdinand-Joseph fit les beaux soirs des caf’conç’, avec son épouse, la « diseuse » Hélène Petit : puis il se partagea entre théâtre, opérettes et revues. Des cylindres enroués, gravés entre 1896 et 1906, nous restituent ici ses « monologues réalistes » et « chansonnettes » alertes. Moncorgé fils a hérité de son goût pour la gouaille et des refrains guinchants… Les enregistrements de Jean Gabin constituent la majeure partie de ce coffret. Celui-ci s’ouvre sur ce fameux Ce que je sais, écrit par Jean-Loup Dabadie et publié en 1974, bilan narquois énoncé à voix rauque de fumeur inassouvi. Suivent des chansons enregistrées entre 1930 et 1936. Elles témoignent de la carrière de caf’conç’ du fils Moncorgé, comme cette P’tite Gueule, signée Van Parys : de sa participation à l’opérette Arsène Lupin Banquier, en 1930, qui lui valut d’être remarqué et par le public et par les producteurs de cinéma : de cette carrière sur pellicule qui a laissé des refrains mémorables, tel ce Quand on s’promène au bord de l’eau, extrait de La Belle Equipe de Duvivier, où les « r » roulent à ravir, où la mélodie nous entraîne à gambiller musette… Le duo Mistinguet-Jean Gabin, qui a précédé les années cinéma, est reconstitué à la fin du premier disque : sept chansons enregistrées en 1928 font ressurgir les amours du « boy » et de la Miss, dont la voix forte recouvre celle, plus timide, de son partenaire. Ce n’est pas le moindre des trésors de cette Intégrale! […] Anne-Marie PAQUOTTE - TELERAMA