« Un spectacle solide et cousu main » par Chant...Songs

« Au moment où il revient arpenter la scène de l’Olympia, en ce mois d’avril 1962, Charles Aznavour n’est pas en terrain inconnu, loin de là.  Dans ce temple du music-hall qui a réouvert en 1954, Aznavour s’y est produit pour la première fois en juin 1955 (en première partie de Sidney Bechet), ensuite en décembre 1955 et janvier 1956 avec Roger Pierre et Jean-Marc Thibault et encore à compter du 28 février 1957. Suite à une brouille avec Bruno Coquatrix en 1958, Aznavour restera quatre ans sans se produire dans la salle du boulevard des Capucines. En 1962, malgré les critiques de certains sur sa voix si particulière, nasale, malgré une rude concurrence des Bécaud, Gainsbourg et autre Brel, Aznavour est devenu un auteur-compositeur important de la scène française. A 38 ans Aznavour est déjà en pleine maîtrise de son art et de sa technique de showman. Le costume de scène est anthracite, la chemise blanche, la coupe de cheveux courte. Pour l’accompagner sur scène, il a choisi pour un groupe rencontré à Beyrouth lors d’une tournée : celui de François Rabbath, le pape de la contrebasse, et de ses frères.
Pour le répertoire, Aznavour opte pour des chansons assez anciennes – Viens date de 1952 et fut composé avec Gilbert Bécaud- mais aussi des productions très récentes comme Trousse chemise, Tu n’as plus. Entre les chansons, l’artiste sait aussi ciseler des monologues prouvant son aisance sur les planches. Toujours à l’écoute des autres artistes, Aznavour interprète aussi Alléluia, où sur la mode du gospel-twist, il lance un clin d’œil à ceux de la génération montante pour lesquels il écrira d’ailleurs certains tubes (Johnny Hallyday ou Sylvie Vartan notamment). Et puis, on retrouve la version de Je m’voyais déjà, chanson passée inaperçue à sa sortie en 1958, mais qui fait un tabac depuis un mémorable récital à l’Alhambra en 1960. Pour la petite histoire enfin, comme le souligne le texte toujours très informatif de la pochette,  L’amour, c’est comme un jour, qui colle si bien à l’univers d’Aznavour, sera repris en 1967 par une certaine Nina Simone. Au final, on déguste un spectacle solide et cousu main avec cet Olympia de belle facture. »
Par François CARDINALI CHANTS… SONG