Il était l'homme de la rue, l'homme de tous les jours, le mécano, le cheminot, le manoeuvre, l'ouvrier, le marlou... Il était celui que l'on croise dans la rue, dans le métro, au bistrot, à l'usine, place Pigalle, dans les rues de Londres, Rome, New York... Jean Alexis Moncorgé, alias Jean Gabin, réunissait ce tour de force d'être universel tout en restant essentiellement français et qui plus est "parigot". La grandeur de Gabin, c'est d'avoir fait accéder cet homme de tous les jours à la tragédie, de l'avoir intégré aux grandes légendes de la douleur des hommes poursuivis par le destin et la fatalité. Pour célébrer ce comédien d'exception, l'éditeur musical Patrick Frémeaux publie un superbe coffret de deux CD, où l'on retrouve la face cachée de Jean Gabin, celle du chanteur. Un Gabin qui était, comme aimait à le souligner son ami Jacques Prévert, synchrone de la tête aux pieds. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, vers la fin de sa vie, son dernier grand succès fut une chanson (Maintenant je sais), qui bouclait formidablement la boucle de sa carrière et jetait de façon définitive un pont entre les deux activités de sa vie d'artiste. Entrées dans nos mémoires et dans nos coeurs, ces 31 chansons, qui furent créées de 1928 (en duo avec Mistinguet) : On m'suit, La java de Doudoune, C'est un petit rien...) à 1974 (Maintenant...) devraient ravir tous les afficionados de Jean Gabin. A noter que l'on trouve également dans ce somptueux coffret 17 chansons interprétées par Ferdinand Eugène Joseph Gabin-Moncorgé, dit Gabin père, qui marque l'âge d'or du café-concert (Le roi Gambrinus, En revenant de la revue, La levrette de la marquise, L'amour malin...), le tout accompagné d'un livret de 20 pages, signé Philippe Chauveau, où l'on apprend tout sur la carrière de Gabin chanteur. J-P.B.-LE FILM FRANCAIS