« Dans notre bel Hexagone, le premier tremplin de promotion pour ce qu'on appelle désormais les artistes en émergence n'a pas toujours été la Nouvelle Star. Dans les années 60-70, les Maisons de la Culture lancées par Malraux constituèrent un creuset fécond pour une expression musicale en marge des circuits établis. C'est là que les Variations, Magma, Ange et autres Moving Gelatine Plates se firent d'abord les dents. C'est également ce réseau qui diffusa, en formule ciné-club, le fameux film de Gébé "L'An O1", et dans sa foulée, tout un courant de nouvelle chanson post-soixante-huitarde. Dans l'ombre de figures tutélaires comme François Béranger, Catherine Ribeiro et Colette Magny, quelques jeunes artisans y poursuivirent ainsi une carrière aussi modeste que persévérante. L'éditeur Le Chant Du Monde prenait alors souvent le relais des majors de l'époque pour diffuser ces propagateurs d'utopie. S'étant rencontrés en 67, David Jisse et Dominique Marge (nom prédestiné s'il en fut) constituèrent treize ans durant un tandem créatif largement oublié depuis, mais dont la redécouverte de nos jours suscitera une émotion tangible parmi tous ceux qui vécurent au quotidien ces années de militance. Véritables anti-Stone et Charden, David et Dominique véhiculaient en effet les idées de pacifisme, d'écologie, d'antiracisme et d'égalité des sexes dont une gauche que le pouvoir qualifie encore d'extrême continue de porter les valeurs. Le plus souvent folk (David était bon guitariste), les arrangements de leur intégrale ici présentée pour la première fois surent aussi emprunter au rock pour l'album "Comme Si On Y Était" (avec Jacques Mercier, ex-Dynastie Crisis). Une chouette madeleine, qui rappelle ce temps où une certaine gauche n'avait pas encore sacrifié son âme à la finance... »
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS ON THE MOVE
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS ON THE MOVE