« Un univers mystérieux et fascinant » par Classica

Il existe au moins deux points communs entre ces deux disques : la formation musicale (un duo entre deux piano et saxophone) et la grande originalité dans le contexte du jazz actuel. Le programme des deux disques se compose pour l’essentiel de compositions originales. Guarana est le plus touchant, Voyages divers, le plus original. Lee Konitz possède, au saxophone alto, une sonorité d’écorché vif, plein d’abandon et, souvent, d’une tristesse qui ne manque jamais d’émouvoir. Même s’il joue sur un piano mal réglé, Cesarius Alvim est sur la même longueur d’onde, avec urgence (sinon avec une grande recherche de sonorités). Improvisant sans filets, sans esbroufe, de manière dépouillée, les deux musiciens ne cessent de surprendre, loin de tous clichés, mais leurs leur discours n’atteint hélas pas toujours un port. Avec Voyages divers, le pianiste René Bottlang et le saxophoniste soprano Jean Querlier rendent évidemment hommage au Voyage d’hiver de Schubert, dont ils reprennent d’ailleurs un lied. Le discours est en un sens plus abouti que chez Konitz et Alvim, plus construit. Prompt à franchir les frontières, il recrée un univers aussi proche de la tradition classique que de celle du jazz, un univers mystérieux et fascinant, dont la glace abrite une discrète ironie.
Stéphan VINCENT-LANCRIN - CLASSICA