« Un vrai disque de jazz vocal… » par Télérama

Enfin un disque de chanteuse de jazz qui est vraiment un disque de jazz. Laïka sort de l’ombre, si tant est qu’avoir passé sept ans dans l’orchestre de Claude Bolling peut encore dissimuler un talent véritable. Après quoi, d’ailleurs, Laïka, cette jeune Parisienne des Halles, métisse ivoiro-marocaine, s’était éclipsée, au bras d’un batteur de jazz, à Madrid. Après ce « Look at me now ! », il lui sera difficile d’échapper aux lumières de la scène. Frappent autant – et d’entrée de jeu – la fermeté de la voix sur le rythme et la qualité de l’orchestre qui joue avec elle. La voix est jeune, elle articule parfaitement l’anglais, elle sait de quoi elle parle. On s’en étonne moins quand on apprend que Laïka est aussi une comédienne (qui a notamment fait ses armes au Théâtre du Soleil). Pour prendre bien l’accent, il faut « jouer » la langue étrangère. Pour bien choisir un répertoire, il faut avoir vécu. Savoir, par exemple, demander à un type de se casser (« Just say goodbye »), savoir écouter le chant profond d’Abbey Lincoln (« Throw it away, Bird alone »), avoir compris ce que chantait Coltrane au saxophone (« Inchworm »), avoir pleuré pour « Eleanor Rigby ». Et puis surtout obtenir la confiance de musiciens aussi exigeants que le pianiste Pierre de Bethmann (grand écouteur, à la Herbie Hancock) et le saxophoniste David El-Malek – généreux en obligatos autant qu’en soli. A présent, oui, on va considérer Laïka Fatien, et de quelle manière !
Par Michel CONTAT - TELERAMA