« Un vrai régal » par Journal du Dimanche

Pendant près d’un demi-siècle, count Basie a incarné la force tranquille d’un jazz heureux, à la tête d’un big band considéré aujourd’hui comme la plus éblouissante « usine à swing » de la musique afro-américaine. Avec toute sa puissance sonore – le fameux « phrasé de masse », explosions de cuivres ponctuant les volutes d’un saxophone aérien ou alternant avec un solo dépouillé du chef, le « Count » lui-même – et avec son extraordinaire souplesse rythmique – le trio de légende Freddy Greene, Walter Page et Jo Jones -, l’orchestre ressemble alors, dit-on, à une Rolls-Royce équipée d’un moteur de bulldozer ! Le double CD, publié par les disques Frémeaux & Associés, nous offre à travers 36 morceaux gravés entre 1942 et 1952, l’un des plus séduisants florilèges de l’art de Basie, en petite formation et en big band. Même si l’immense Lester Young a quitté l’orchestre, de talentueux saxophonistes lui ont succédé : les Don Byas, Buddy Tate, Lucky Thompson, Illinois Jacquet ou Paul Gonsalves. Côté trompettes, les meilleurs sont là : Buck Clayton, Harry Edison et Joe Newman. A côté de cette brillante sélection des chefs d’œuvre du « classique » Basie, il y a également les plages enregistrées par le Count, alors accompagné par un octet aux « saveurs bop », avec Clark Terry, Buddy de Franco, Charlie Rouse (le ténor de Monk !) et Buddy Rich, remarquable d’efficacité à la batterie, sur des arrangements de Neil Hefti. Un vrai régal qui s’achève sur quatres interprétations, permettant à Oscar Peterson et à Count Basie (à l’orgue) de rivaliser de swing et d’imagination sur le blues ! Du vrai caviar pour les fêtes !
JOURNAL DU DIMANCHE