« Une belle ambition, qui se heurte à l'étendue du sujet » par Télérama

« La Cité de la Musique rassemble avec force vidéos et extraits sonores, cinquante ans de musique noire. Une belle ambition, qui se heurte à l'étendue du sujet. Attention les oreilles, cette expo est pour vous autant que pour les yeux. Que la black music soit great, il est toujours bon de le rappeler, voire d'en faire une affiche, un manifeste encore d'actualité près de cinquante ans après la revendication des 60's. Et il faut être sourd pour ne pas l'entendre. En voici donc mille et une preuves éparpillées dans l'espace de la Cité de la Musique, sobrement agencé : murs noirs, seulement égayés par deux vitrines d'instruments. Tout le reste transite par une gamme de projections dont l'audio-guide est le sésame obligatoire : sans lui, pas de salut, juste un puzzle d'images : format carte postale sur les vingt et une bornes consacrées aux légendes de la musique noire (James Brown, Bob Marley, Miles Davis, Nina Simone… et même Elvis Presley) ; écrans géants juxtaposés dans la salle Mama Africa, un par zone géographique (cinq en tout), gare à ne pas être distrait par une armada muette de tambours quand on regarde Orchestra Baobab ; et jusqu'à l'immersion entre deux parois en arc de cercle entièrement tapissées d'images initiant aux Rythmes et Rites Sacrés, de Cuba et d'ailleurs. Au sous-sol, onze écrans du type télé de salon, installés sur un système de tuyaux évoquant une chaufferie, prennent courageusement en charge Les Amériques Noires ; enfin Global Mix propose un hexagone où miroitent à volonté stars du reggae ou du hip-hop ; autour, dans trois cabines, on pourra se défouler en suivant les pas d'un moniteur (-trice) de danse. Une galerie de vingt-trois photos (noir et blanc) paraît un peu égarée. La partie strictement pédagogique est assurée par un long mur égrenant le Fil Historique de la musique noire, de la première pyramide égyptienne au printemps arabe, en passant par Christophe Colomb, l'abolition de l'esclavage et Martin Luther King. »
Par François GORIN - TELERAMA