On ne se lasse ni du « Père Goriot » ni de Balzac. De ce célèbre roman publié en 1842, Bruno Putzulu, ancien pensionnaire de la Comédie-Française, nous propose une belle lecture. La sobriété de son intonation sert fidèlement cette écriture balzacienne qui semble se répandre lentement dans les rues de Paris comme une eau qui, pénétrant partout, cernerait les êtres et les choses, les épouserait, les accorderait dans une même vision étonnée. « Salue-moi, dira Balzac à sa sœur, car je suis en train de devenir tout bonnement un génie. » Vanité ? Nullement. Plutôt la conscience inquiète de se voir submergé par un univers fabuleux, possédé par une force créatrice, comme on peut l’être par la folie. Aussi l’analyse d’Eric Herbette, dans le livret de présentation, me semble spécieuse. Imaginer qu’une transposition cinématographique du roman à notre époque « prendrait l’allure évidente d’une critique sévère du capitalisme », c’est ôter au texte sa puissance d’envoûtement. Plutôt que sociologue marxiste avant la lettre, Balzac se fait anthropologue. Mme Vauquer, Vautrin, Eugène de Rastignac, le père Goriot, Delphine de Nucingen, autant de personnages qui épatent leur créateur.
Par J.S. – LIRE
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