Rencontre parfaite de la technique et du son (si toutefois le son ne participait pas déjà de la technique), Don Byas mérite mieux que sa réputation d’épigone de Coleman Hawkins dont il est évidemment un disciple mais dont il a su prolonger l’héritage vers une modernité toute personnelle, à la ligne aussi claire que subtile. Maître de la ballade dont il développe à l’infini les richesses harmoniques (« Laura » comme un emblème), Don Byas excelle également sur les tempi plus rapides et les prouesses du bop naissant n’étaient pour lui que formalités. Son phrasé (marqué par le swing) est enfin l’un des plus élégants parmi les modernes première génération (« Cherokee »). Il posera son saxophone ténor en Europe, notamment grâce à l’intriguant baron danois Timme Rosenkrantz, et imprimera sa marque pétrie de classe dans le jazz français d’après-guerre. Styliste amphibie – il pratiquait avec assiduité la pêche tant à la ligne que sous-marine – Don Byas était vraiment un grand. Et cette magnifique anthologie au son et à l’appareil critique impeccable lui rend justice.
Par Bruno GUERMONPREZ – JAZZ NEWS
Par Bruno GUERMONPREZ – JAZZ NEWS