« Une maîtrise instrumentale et vocale sidérante » par Soul Bag

En compagnie de Willie Dixon, Memphis Slim découvre la France en 1961 et s’installe l’année suivante à Paris, où il vivra jusqu’à sa mort en 1988. Ce concert inédit (dans la collection des grands concerts parisiens « Live in Paris ») le voit donc en scène peu avant qu’il devienne résident parisien. Seul sur la scène de l’Olympia, il se présente face à un public français alors peu coutumier des concerts de blues (la première tournée de l’American Folk Blues Festival, avec d’ailleurs Memphis Slim et Willie Dixon, aura lei en 1962). Ce qui ne trouble pas le bluesman, qui, tout en s’excusant de ne pas parler français, communique avec le public pour introduire ses titres tout en racontant des anecdotes. Et d’emblée, sur le « Chicago boogie woogie » de Jimmy Yancey, il détend tout le monde avec un peu d’humour : « En quelque sorte c’est moi qui joue de la main droite, et Jimmy Yancey de ma main gauche… » Memphis Slim est alors hyper prolifique (il sort au moins cinq albums par an, pour une part lors de tournées en Europe, et ça fera sa fortune !), et sa maîtrise instrumentale et vocale est sidérante. Si on se fie aux applaudissements nourris (il a même droit à une longue ovation sur « Shake rattle and roll »), le public apprécie. Très pro, il exploite tout son répertoire : boogie woogie (Pee Wee’s blues, Frankie & Johnny, Roll’em Pete), blues lents (« Beer drinkin’ woman, keep your hand on your heart, Miss Ida B, A letter home, Three women blues, If you see Kay”) et pièces plus originales comme ces trois lectures différentes de “Kansas City blues” et son clin d’œil louisianais sur « Laisse les bons temps rouler … » Sans avoir la fraîcheur et la spontanéité d’enregistrements plus anciens, c’est solide, varié et consistant de la part d’un grand musicien qui cherche à convaincre. Et y parvient.
Par Daniel LÉON – SOUL BAG