« Une maîtrise parfaite de la scène » par Chants Songs

« Dans une qualité sonore soignée, Juliette Gréco-Live in Paris montre comment, quatre ans après ses débuts, l’artiste possède déjà une maîtrise parfaite de la scène. Une sacrée interprète était déjà née. Après avoir débuté dans la chanson en 1959 dans la salle du « Bœuf sur le toit » ou au « Tabou », le repère de Boris Vian, Juliette Gréco ne va plus quitter le devant de la scène. Moins de dix ans après ces débuts, c’est sur la scène du mythique Olympia ou de Bobino qu’on la retrouve dans ce Juliette Gréco- Live in Paris. Bien avant de faire un tabac à la télévision dans la série Belphégor, en 1965, l’artiste prouve qu’elle a déjà du flair pour trouver ses auteurs. Elle interprète aussi bien les belles chansons que vient de créer Léo Ferré – La Guinche ; T’en as ou encore Jolie Môme qu’elle interprète mieux que lui – Brassens (la très belle version du Temps passé) ou encore Robert Desnos (La Famille Dupanard et la célèbre et délicieuse Fourmi). Sans oublier une splendide chanson de celui qui deviendra son ami, Jacques Brel : On n’oublie rien. Accompagnée par le fidèle Henri Patterson au piano et Freddy Balta à l’accordéon, entre autres, Juliette Gréco interprète avec une sobriété certaine – elle l’a un peu perdue depuis – et avec une diction impeccable. Il y a parfois un parallèle à faire avec la Catherine Sauvage de la grande époque. Jean-Paul Sartre avait bien raison d’écrire en parlant de cette voix singulière : « Les travailleurs de la plume qui trace sur le papier des signes ternes et noirs finit par oublier que les mots ont une beauté sensuelle. La voix de Gréco le leur rappelle. » Cerise sur le gâteau de ce « live » : le duo avec Jean Constantin qui ouvre l’album, Je prends les choses du bon côté. »
Par François CARDINALI – CHANTS SONGS